Faut-il avoir peur de l'aluminium contenu dans les vaccins ?
Les raisons de la colère
Cette polémique n'est pas neuve. Des chercheurs et associations s'inquiètent depuis longtemps des éventuels effets de l'aluminium sur le cerveau. Mais alors, pourquoi refait-elle surface aujourd'hui ? Parce que l'Agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de refuser de financer une étude sur le sujet. Etude signée du Professeur Romain Gherardi, de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, qui y travaille depuis 15 ans. Celui-ci enrage donc de n'avoir "jamais reçu un centime d'argent public pour ses recherches ". Et tient une conférence de presse ce lundi, avec l'association de malades E3M, la député européenne Michèle Rivasi et le toxicologue André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé.
L'ANSM, de son côté, se défend de toute censure, assure s'intéresser à la question mais met en doute la rigueur des travaux du scientifique - l'aluminium utilisé sur les rats ne serait pas le même que l'aluminium vaccinal.
Les risques de l'aluminium
Certains chercheurs, comme le Pr Gherardi, estiment que l'aluminium contenu dans certains vaccins serait responsable de la myofasciite à macrophages, un syndrome qui provoque fatigue et douleurs musculaires et articulaires. Les patients -585 cas recensés depuis 1993- présenteraient notamment des lésions durables du muscle de l'épaule où sont injectés les vaccins.
La douleur, que l'on peut ressentir un ou deux jours après le vaccin, pourrait alors durer plusieurs années. Ce symptôme n'apparaîtrait que chez des personnes génétiquement prédisposées. Il n'empêche, il s'agirait d'un signe que l'organisme ne parvient pas "à digérer complètement les particules d'aluminium ", explique le Professeur Gherardi. Ce qui amène les scientifiques à s'interroger : Si ces particules subsistent, peuvent-elles atteindre le cerveau ? Si oui, quelles en sont les conséquences ?
Se passer ou pas de ces adjuvants
En mars dernier, des députés ont demandé un moratoire sur les vaccins à base d'aluminium, au nom du principe de précaution. Mais en juin, l'Académie de médecine s'y est opposée, arguant que cet adjuvant est nécessaire à l'efficacité de certains vaccins et que la quantité contenue dans les injections est bien plus faible que celle que nous ingérons sans nous en apercevoir, via l'eau ou les aliments.
Pourtant, prudence avait été adoptée dans les cosmétiques. En 2011, l'Afssaps avait en effet demandé de restreindre la concentration d'aluminium dans les déodorants et les antiperspirants. L'association d'entraide aux malades de myofasciite à macrophages E3M réclame la même prévention : "La Santé publique , clame-t-elle, doit prendre le pas sur la logique financière ".
La couverture vaccinale menacée ?
L'Académie de médecine, entre autres, redoute que cette polémique jette une nouvelle fois le soupçon sur la vaccination en générale. Pourtant, les détracteurs de l'aluminium estiment que des solutions alternatives existent. L'association E3M a d'ailleurs dénoncé en juillet le retrait progressif du marché des seuls vaccins encore sans aluminium. L'Académie elle revient sur la nécessité de ces adjuvants et explique qu'en cas de moratoire, les éventuelles solutions de rechange ne pourraient être prêtes avant cinq ou dix ans.
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