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Espérance de vie moins élevée à la campagne : l’Association des maires ruraux de France demande des mesures coercitives face à la désertification médicale

Pour Michel Fournier, le président de l’Association des maires ruraux de France, ces inégalités sont liées à la désertification de la médecine locale dans les zones rurales.

Article rédigé par franceinfo
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Michel Fournier, maire des Voivres, le 31 mai 2019. (PHILIPPE RIVET / MAXPPP)

Les inégalités en termes d’espérance de vie entre les territoires urbains et les territoires ruraux se creusent depuis trente ans. C’est le constat dressé dans une étude publiée mercredi 16 décembre par l’Association des maires ruraux de France (AMRF) et la Macif, en partenariat avec France Bleu. Selon cette enquête, en 2019, un Français vivant dans un territoire hyper rural vit en moyenne 2,2 ans de moins qu’un hyper urbain. L'écart était de quatre mois en 1990.

"Il n’y a plus cette notion d’égalité entre le milieu rural et le milieu urbain, on souhaite des mesures réelles", a déclaré mercredi sur franceinfo, Michel Fournier, le président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Pour le maire de Les Voivres, dans les Vosges, ces inégalités sont liées à " la désertification de la médecine locale" dans les zones rurales.

franceinfo : Est-ce que vous vous attendiez à cette espérance de vie "raccourcie" ?

Michel Fournier : Pas vraiment. On pouvait légitimement penser que l'espérance de vie serait plus importante dans le milieu rural, avec cette nature, ce "bon air", plutôt que dans le milieu urbain, réputé pour être plus pollué. Ce qui se passe tout simplement, c’est le problème de l’accès aux soins. On s'est aperçus que les habitants en zone rurale consomment 20% de moins de soins hospitaliers que ceux des villes. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, il y a une désertification réelle de la médecine préventive, de la médecine locale, du médecin traitant. Depuis trente ans, ça a l'air d'être inéluctable. C'est cette progression qui est difficile à admettre et qui s’accélère. Or, on ne prend pas de mesures spécifiques pour ces déserts médicaux. C'est quand même dramatique. Ça veut dire qu'en France, il n’y a plus d'équité. Il n'y a plus cette notion de d'égalité que l'on doit avoir entre le milieu urbain et le milieu rural. Et ça, c'est grave.

Que faut-il faire pour remédier à cette situation ?

Je crois qu'il faut arriver à avoir un peu de courage et dire que si on ne prend pas certaines mesures coercitives par rapport à cela, on n'y arrivera pas. Si on prend l'exemple de ce que nous avions mis en place au niveau de "l'Agenda rural" : l'une des mesures par exemple, c'était d'obliger en fin d'études des médecins à venir terminer leurs parcours professionnel en milieu rural, pour comprendre ce milieu rural et comprendre qu'il peut être attractif parce qu'il l'est. En plus de ça, il y a une demande plus importante encore aujourd'hui, liée à la Covid-19, de venir s’implanter dans certains secteurs ruraux. Donc, il faut aussi que l'Etat se dise "dans telle région de France, il y a quand même une couverture médicale qui est suffisamment forte, obligeons à ce que soit la même chose dans des secteurs qui sont plus en difficulté."

Faut-il donc obliger des médecins à venir s’installer dans des déserts médicaux ?

Bien sûr, et il faut y arriver. Regardez le rejet que cela représente : dans ces territoires-là, ces déserts médicaux, quelle va être la réaction des gens ? Leur réaction va être de continuer à se tourner vers les extrêmes qui déclament des choses et qui surfent sur cette façon d'être un peu "oubliés" dans des aspects qui sont déterminants. La santé, c'est la première réponse que les gens veulent avoir. Donc, c'est à ce niveau-là qu'il faut vraiment travailler. On souhaite des mesures réelles, précises. Ça suffit, il faut qu'il y ait une couverture équitable de tous les territoires.

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