Pollution au plastique : "Il faudrait que le gouvernement français prenne les rênes de cette problématique"
"On manque d'études sur l'impact complet du plastique dans les océans", déplore le fondateur de l'ONG 7e continent.
"La situation est de plus en plus inquiétante", a réagi sur franceinfo le navigateur, explorateur et fondateur de l'ONG 7e continent, Patrick Deixonne, alors que l'ONG WWF a publié vendredi 7 juin un rapport concernant les déchets plastiques rejetés chaque année en Méditerranée.
Selon ce rapport, 600 000 tonnes de résidus plastiques sont rejetés chaque année dans cette mer par 22 pays et la France contribue au rejet de 80 000 tonnes de plastique dans la nature. "Il faudrait que le gouvernement français prenne un peu les rênes de cette problématique", a-t-il estimé. "La France doit être une locomotive, d'autant plus qu'elle bénéficie de plusieurs ONG qui mènent ce combat", a-t-il ajouté.
franceinfo : Avez-vous le sentiment que la situation se détériore au fil des années ?
Patrick Deixonne : Au départ, on se focalisait sur les macro-déchets, qu'on voyait à l'œil nu. D'après nos découvertes de 2016, on sait que ce plastique se fragmente jusqu'à la nanoparticule. Maintenant, on craint que ces nanoparticules qui sont dans l'océan intègrent le cycle de l'eau. La situation devient donc de plus en plus inquiétante.
Pour ce qui est de la Méditerranée, il y a aussi un problème de comportement d'un pays à l'autre. L'environnement n'est pas la priorité pour tout le monde ?
Effectivement, c'est dur de mettre le monde sur la même ligne. Il faudrait que le gouvernement français prenne un peu les rênes de cette problématique. Je sais qu'il essaie de le faire mais il faudrait qu'on crée un Giec du plastique parce que la problématique est mondiale. Le rapport du WWF montre du doigt ces 22 pays mais le Nil, par exemple, est traversé par dix pays. Le Danube aussi. Une pollution invisible circule dans ces fleuves. C'est donc un peu un raccourci que de montrer du doigt ces pays qui se trouvent à l'embouchure de la Méditerranée. Le problème est plus large. Par exemple, quand on fait une machine à laver, 200 000 fibres plastiques sont rejetées dans les eaux usées. Imaginez donc la quantité de plastique transportée par le Nil ou le Danube, qui sont traversés par dix pays. C'est donc pour ça que montrer du doigt un pays n'est pas très efficace. La France doit être une locomotive, d'autant plus qu'elle bénéficie de plusieurs ONG qui mènent ce combat. On met des bateaux à disposition, comme celui de l'expédition 7e continent, qui sont des outils formidables pour les scientifiques afin de continuer à faire avancer la recherche. On manque d'études sur l'impact complet du plastique dans les océans.
On ne sait donc pas exactement quel effet il produit et produira ?
Non. Ça fait dix ans qu'on mène des expéditions scientifiques et on voit bien que le temps de la recherche est très long. La palette dans laquelle il faut aller chercher est très vaste. Quand on prend, par exemple, les bactéries ou les virus qui sont transportés sur les plastiques, ça demande des années et des années de recherche. Cette pollution plastique est donc plus compliquée que ça. Effectivement, tirer la sonnette d'alarme est une solution et le rapport du WWF le fait très bien. Maintenant, il faut agir. Pour nous, la première barrière à la plastification des océans est le tri et le recyclage.
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