Obésité, sous-alimentation et changement climatique : tout est lié !
Et si le changement climatique et la malnutrition étaient les deux faces d’une même pièce ? C'est en tout cas la conclusion d'un rapport de la commission d’experts du Lancet publié le 28 janvier. Selon ce rapport, la dénutrition, l’obésité et les changements climatiques résulteraient du même système et se nourriraient mutuellement. C'est pourquoi, dans un document engagé, résultat des travaux de 43 experts de 14 pays, la Commission propose plusieurs actions communes pour améliorer la santé humaine et celle de la planète.
L'obésité : responsabilité individuelle ou produit social ?
"L'obésité a souvent été considérée comme un problème de responsabilité de la part d'un individu qui mange mal ou mange trop et ne fait pas de sport", souligne Sabine Kleinert, rédactrice en chef de The Lancet. Mais selon les experts, c'est notre système économique puissant qui encourage la surconsommation au détriment de la santé des personnes et de la planète.
Et c’est probablement pour cette raison, lit-on dans le rapport, que depuis les années 80, l’obésité est un devenu un problème majeur de santé publique qui ne fait que s'amplifier. En 2015, on estimait à 2 milliards le nombre de personnes obèses, malgré les intentions exprimées au cours des dernières décennies lors des Assemblées mondiales de la Santé, qui n'ont produit aucun changement mesurable. La Commission souligne que l'insuffisance des mesures politiques est accompagnée de l'opposition d'intérêts commerciaux forts.
L’engagement des citoyens est un autre facteur. L’obésité n’est peut-être pas perçue socialement comme une question urgente à traiter, mais c’est un facteur de risque de cancer, de diabète et de maladies cardiovasculaires.
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Si la planète est malade, nous sommes malades
La malnutrition, sous toutes ses formes, est l'une des premières causes de mortalité sur la planète, comme le souligne le professeur Boyd Swinburn, membre de la Commission. Et elle est étroitement liée... au changement climatique.
Quelques exemples. La consommation de viande rouge augmente le risque de développer l'obésité et le cancer, tout en conduisant à la production de gaz à effet de serre. L'utilisation de la voiture génère de la pollution, mais favorise également un mode de vie sédentaire.
Les États pourraient proposer des lignes directrices pour un régime alimentaire sain et durable, par exemple en augmentant la consommation de plantes. Toutefois, selon le rapport, de nombreux États qui ont emprunté cette voie ont échoué "sous la pression de puissants lobbyistes des industries alimentaires, en particulier de l'industrie laitière, du bœuf, du sucre, des aliments ultra-transformés et des boissons".
Des projections décourageantes ...
Sur la base des projections du Lancet Countdown, qui surveille l'évolution du changement climatique et de la santé de 2017 à 2030, la Commission alerte sur l'impact du changement climatique sur la santé humaine. Les populations les plus vulnérables devraient faire face à une insécurité alimentaire accrue et à la malnutrition en raison du manque de récoltes, de la réduction de la production alimentaire, de la sécheresse et des crises politiques.
Dans les pays émergents, toutefois, un nouveau style de vie sédentaire et la consommation d'aliments et de boissons transformés augmenteront le taux d'obésité et de pollution.
... et des propositions de changement
Alors, que faire ? Le rapport fait suite à une première étude du 17 janvier, dans laquelle il était proposé de diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre et de doubler celle des fruits, des légumes et des noix.
Les experts font maintenant appel à des acteurs intergouvernementaux tels que l’Organisation mondiale du commerce, le Forum économique mondial, la Banque mondiale, mais également à l’Union européenne, à Association des nations du sud-est, et le Forum du Pacifique. devraient prendre des mesures Les spécialistes leur demandent de travailler sur différents objectifs : réduire la production de gaz à effet de serre pour améliorer la santé humaine, faire en sorte que le bien-être devienne un droit international et lutter contre les intérêts de certaines industries qui sont en contradiction avec le bien-être de la planète et des hommes. Pour les auteurs du rapport, les multinationales de l'alimentation devraient été encadrées de la même manière que l'industrie du tabac. Ils proposent la création d'une convention-cadre sur les systèmes alimentaires, calquée sur la convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLA).
Camilla de Fazio
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