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Info franceinfo Le gouvernement débloque 40 millions d'euros supplémentaires dans la recherche sur les nouveaux antibiotiques

Un colloque interministériel se tient mercredi à Paris pour trouver des solutions à l'antibiorésistance. 

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des médicaments disposés sur une table. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, va annoncer mercredi 14 novembre, que 40 millions d'euros supplémentaires vont être débloqués pour la recherche sur de nouveaux antibiotiques. Cette annonce sera faite à l'occasion du colloque interministériel sur l'antibiorésistance organisé à Paris.

Il y a urgence, estiment les médecins et les chercheurs. Aujourd'hui, même en France, certains patients ne réagissent plus aux antibiotiques, à cause, notamment, d'une surconsommation. Ces molécules "miracles", apparues il y a plus de 80 ans, sont de moins en moins efficaces. Les bactéries résistantes tuent et pourraient encore tuer près de 2,4 millions de personnes dans les pays de l'OCDE, d'ici 2050, si rien n'est fait.

Les antibiotiques efficaces il y a 30 ans, de moins en moins aujourd'hui

Devant ce constat, la recherche sur les antibiotiques est aujourd'hui relancée, comme dans l'unité U11-37 de l'Inserm, basée à l'hôpital Bichat, à Paris. Cette unité est dédiée à la recherche sur l'antibiorésistance. "Il existe maintenant en France un certain nombre de bactéries résistantes à tous les antibiotiques", explique le professeur Jean-François Timsit, qui cherche chaque jour le bon médicament pour ses patients atteints de maladies infectieuses. Mais c'est de plus en plus difficile, reconnaît-il : "Ces antibiotiques fonctionnaient il y a 30 ans. Aujourd'hui, on n'a plus d'idées. Donc on essaye des cocktails antibiotiques, tout à fait en dehors des normes, en dehors de ce qui a été prouvé, pour tenter d'améliorer les choses".

Il y a un réservoir de bactéries, même chez les gens qui ne sont pas allés à l'hôpital, qui n'ont pas pris d'antibiotiques et qui n'ont pas voyagé.

Étienne Ruppé

à franceinfo

Au laboratoire du troisième étage de l'hôpital Bichat, les chercheurs y étudient les bactéries. Aujourd'hui, elles ne meurent plus systématiquement, mais se renforcent. Même si l'on utilise peu d'antibiotiques pour se soigner, on devient antibiorésistant par d'autres voies. "Par des connaissances ou l'alimentation, détaille le bactériologiste Étienne Ruppé. On sait que bon nombre de poulets, dans les supermarchés, sont contaminés par des bactéries multirésistantes. Est-ce que les surfaces inertes, comme le métro, jouent aussi un rôle pour faire circuler ces bactéries-là ? On ne sait pas trop." 

La mise sur le marché des antibiotiques longue et coûteuse

Au pavillon des maladies infectieuses, Xavier Lescure conduit les essais cliniques pour trouver et tester de nouveaux antibiotiques. S'il reconnaît qu'il y a "un vrai nouvel élan de la recherche clinique antibiotique", comme en témoignent "les trois nouvelles études" mises en place en un mois dans l'hôpital, il concède que ce n'est qu'un début. "Ça prend à peu près 10 ans pour sortir un antibiotique, de la découverte à la mise sur le marché. Et ça coûte des millions, voire des milliards d'euros", poursuit-il.

Faute de garanties de rentabilité avec la recherche sur les antibiotiques, les grands laboratoires privés préfèrent, eux, s'en détourner et se lancer sur le marché du cancer ou des maladies cardiovasculaires.

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