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Etude "The Lancet" sur la pollution : "La chimie a développé des molécules qui ont un impact majeur sur la population"

Selon le porte-parole de l’association Respire, Sébastien Vray, "la chimie moderne utilise énormément de nanoparticules, dont on décèle assez mal la présence, une pollution invisible."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Photo d'illustration de la pollution de l'air, en Inde.  (DOMINIQUE FAGET / AFP)

Un décès sur six survenu en 2015 dans le monde était lié à la pollution essentiellement à la contamination de l'air, mais aussi de l'eau et des lieux de travail, estime un rapport publié vendredi 20 octobre dans la revue The Lancet. Ce qui représente 9 millions de morts prématurés.

"Dans les bureaux, il y a tout le mobilier classique, qui est essentiellement réalisé avec de la poudre de bois et un maximum de colle qui rejette des composés organiques volatiles", a indiqué vendredi sur franceinfo, Sébastien Vray, porte-parole de l’association Respire. "Le renouvellement d'air doit être fait plus régulièrement" a-t-il ajouté. "La chimie moderne est vraiment insidieuse" car elle a "développé des molécules chimiques qui ont un impact majeur sur la population" a-t-il lancé.

franceinfo : Dans cette étude, on parle de la pollution sur les lieux de travail. Il s'agit de l'air que l'on respire au bureau ?

Sébastien Vray : Au bureau, on passe 8 heures dans des lieux confinés, dans un bureau, dans une usine, un atelier. Souvent, soit on respire dans un atelier, un certain nombre de poussières, des solvants. Dans le bâtiment, avec beaucoup de gens qui travaillent sans masque. Dans les bureaux, il y a tout le mobilier classique, qui est essentiellement réalisé avec de la poudre de bois et un maximum de colle qui rejette des composés organiques volatiles, du CO2 aussi on n'en parle pas assez. Le renouvellement d'air doit être fait plus régulièrement. Des nanoparticules on en voit de plus en plus, des microparticules que nous connaissons comme le PM 10, jusqu'à aller aux nanoparticules. Plus elles sont petites, plus elles rentrent dans l'appareil respiratoire. La chimie moderne utilise énormément de nanoparticules, dont on décèle assez mal la présence, une pollution invisible. Le rapport pointe des maladies non transmissibles, des décès de petites pathologies cardiaques, accidents vasculaires, ou cancers du poumon. La chimie moderne est vraiment insidieuse, on a vraiment développé des molécules chimiques dont on ne mesure vraiment pas l'impact, mais qui ont un impact majeur sur la population.

Comment savoir, si ces maladies cardiaques, un AVC, sont bien liées à la pollution ?

Là est la difficulté. Nous, c'est ce qu'on tente avec l'association Respire et écologie sans frontières, on tente de prouver qu'on peut faire un lien à l'échelle individuelle entre pollution de l'air et impact sanitaire, mais on ne peut réaliser ce lien, en passant par les études épidémiologiques. On va regarder la statistique et on va comparer deux types de populations, et on regarde, ceux qui habitent près des axes de transports, et ceux qui n'habitent pas près des axes de transports très fréquentés et on peut voir ainsi qu'il y a une augmentation du risque sur des pathologies bien identifiées. A ce moment-là, on fait un lien de cause à effets, mais à l'échelle d'une population. Mais c'est vrai qu'à l'échelle individuelle, nous c'est le combat qu'on mène. (…) On a des victimes qui savent très bien, qu'en cas de légers ou des pics de pollution, ils développent des symptômes physiques, physiologiques qu'ils savent très bien identifier. Les médecins commencent aussi à se positionner sur ces symptômes qui sont parfaitement identifiables.

Aujourd'hui, les médecins ne peuvent pas toujours faire le lien entre la pollution et le décès d'une personne ?

Non, on ne peut pas le dire. Il y a énormément de facteurs qui ne sont pas liés au comportement de la personne, il y a des facteurs extérieurs. On parle de facteurs comportementaux. Même si on n'a jamais fumé, on peut se retrouver au milieu de fumeurs. Si on n'a jamais fumé mais qu'on a utilisé énormément de produits chimiques dans sa jeunesse ou dans sa vie. Et c'est même un problème juridique. Aujourd'hui, on a des plaignants qui demandent des dommages et intérêts, parce qu'elles pensent être victimes et nous on le sait de manière médicale et les médecins disent oui que cette personne, vu qu'elle habite à tel endroit, elle déclenche des problèmes physiologiques à des moments très précis des pics de pollution, là on fait des liens de cause à effet et on peut éventuellement demander une réparation à l'échelle individuelle.

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