Electrosensibilité : le Conseil de l'Ordre attaque le Pr Belpomme
En quelques années, il est passé de cancérologue reconnu à spécialiste controversé. Le professeur Dominique Belpomme ouvre sa consultation de médecine environnementale en 2009 dans une clinique parisienne. Il y reçoit des milliers de patients et leur diagnostique une « électrohypersensibilité ». Un syndrome contesté par la communauté médicale, qui lui vaut aujourd’hui une plainte du Conseil de l’Ordre des Médecins. Ce dernier refuse de s’exprimer sur les affaires en cours, mais il reproche au médecin d’avoir rédigé des certificats médicaux abusifs mentionnant un « syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques ».
Mise en cause de l'encéphaloscan
Dominique Belpomme conteste cette accusation. « Ces six dernières années, j’ai vu 2 000 malades atteints d’électrohypersensibilité et sur ces 2 000 cas, j’ai fait 50 certificats qui nécessitaient des mesures de précaution vis-à-vis de l’exposition aux champs électromagnétiques, ce qui fait 2% de personnes concernées. C’est dérisoire par rapport aux 2000 malades que j’ai pu voir. »
Le Conseil National de l’Ordre des Médecins reproche également au praticien d’avoir utilisé des examens médicaux dont l’efficacité n’est pas scientifiquement prouvée. Notamment l’encéphaloscan. Un appareil qui mesure des pulsations dans le cerveau pour diagnostiquer la sensibilité aux ondes. « L’encephaloscan est un examen qui a été éprouvé d’un point de vue scientifique à partir de dizaine de thèses médicales et qui a fait l’objet de publications dans des revues françaises mais aussi internationales », se justifie le Pr Belpomme.
Une absence de légitimité scientifique
Depuis des années, la question de l’électrosensibilité divise la communauté scientifique. Aucune organisation officielle ne reconnaît l’existence d’un lien entre les symptômes des électrosensibles et l’exposition aux ondes. Un doute partagé par Anne Perrin, une chercheuse spécialisée dans les risques électromagnétiques à la Société Française de Radioprotection. « Une fiche de l’OMS reconnaît que ces personnes souffrent effectivement d’un certain nombre de symptômes, mais qu’on ne connaît pas l’origine de ces symptômes. Il n’a jamais été démontré qu’ils étaient liés à la présence d’ondes électromagnétiques ». Pour elle, les méthodes de recherche employées par le professeur Belpomme n’ont aucune légitimité scientifique. «La recherche ça ne se fait pas dans son coin en s’appuyant sur des thérories qu’on a fondées soi-même », précise-t-elle.
Face à la montée des inquiétudes, l’ANSES qui n’a pas souhaité s’exprimer, a commandé une nouvelle étude sur l’effet des champs électromagnétiques. Elle devrait être publiée fin 2018 et pourrait amener de nouveaux éléments au dossier.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.