Chlordécone : deux associations lancent une action collective contre l’Etat
"Passer à la vitesse supérieure" : c’est le but du Conseil représentatif des associations noires (CRAN) et de Vivre, qui ont lancé une action collective contre l’Etat le 12 septembre. Ils accusent la France d’avoir utilisé du chlordécone aux Antilles de façon massive entre 1972 et 1993, sans en mesurer le danger. Aujourd’hui, d’après Santé publique France, plus de 90% de la population adulte de Guadeloupe et de Martinique est contaminé par ce pesticide.
Les deux associations invitent par ailleurs toutes les personnes concernées à se joindre à cette action collective. Les Antillais peuvent donc, s’ils le souhaitent, s’inscrire sur le site www.chlordecone.mySMARTcab.fr. Une commission d'enquête parlementaire a débuté en juin dernier, mais les choses vont trop lentement pour le CRAN et Vivre.
Faire reconnaître un préjudice d’anxiété
Par cette action collective, les deux associations entendent faire reconnaître un préjudice d’anxiété – comme cela a déjà été le cas pour les personnes en contact avec l’amiante – aux Antillais. Il n’est pas nécessaire d’être malade pour participer à cette action collective, cela concerne les personnes qui ont été exposées au chlordécone et qui craignent de tomber un jour malade" a expliqué à franceinfo Me Christophe Leguevaques, l’avocat en charge du dossier.
Le chlordécone est un pesticide ultra-toxique qui a été utilisé dans les bananeraies pour lutter contre un insecte, le charançon noir du bananier. Dès 1979, l’OMS l’a classé comme cancérogène probable pour l’homme. D’après une étude menée par le service d’urologie du CHU de Pointe-à-Pitre par ailleurs, le taux de cancer de la prostate dans la population antillaise est sept fois supérieur à la moyenne mondiale. Cela correspond à 227 nouveaux cas pour 100.000 habitants. Un record mondial.
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Cette étude, à laquelle a participé l’Inserm et publiée en 2010 dans le Journal of Clinical Oncology, établit donc une association positive et significative entre une exposition au chlordécone et la survenue d’un cancer de la prostate.
Depuis 2008, plusieurs "plans chlordécone" ont été adoptés en raison de la persistance de ce pesticide dans les sols antillais. Des associations et la confédération paysanne ont en outre déposé une plainte contre X en 2006 pour "mise en danger d'autrui et administration de substances nuisibles". Cette plainte est toujours en cours d'instruction.
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