Canicule : la ministre de la Santé omniprésente
Une chose est sûre, même si la canicule atteint les niveaux de 2003, Agnès Buzyn ne commettra pas l'erreur de Jean-François Mattei, son prédécesseur au ministère de la Santé à l'époque. Avec l'image désastreuse d'un ministre répondant aux journalistes depuis sa villa provençale alors que les victimes des hautes températures se multipliaient. Quinze ans plus tard, la ministre de la Santé a reporté ses vacances et multiplie les interventions médiatiques pour marquer la vigilance du gouvernement.
Une ministre sur tous les fronts
L'agenda d'Agnès Buzyn des derniers jours est éloquent. Elle était à Nîmes le 2 août avec les équipes de la Croix Rouge, du 115 et du Samu Social, puis en visite aux urgences du CHU de la ville, sans oublier de visiter un Ehpad... Le lendemain, rentrée en Ile-de-France, la ministre se rendait dans un centre d'accueil social et d'orientation (APASO) de Vincennes, aux côtés des personnes hébergées dans le cadre du plan canicule ou encore au domicile d'une personne qui bénéficie du suivi des services sociaux pendant les fortes chaleurs. Enfin, dimanche, elle était le matin auprès des enfants à l'hôpital Necker, hôpital pédiatrique parisien, puis terminait le week-end par un point presse en sortant de la cellule de crise canicule du ministère.
"Petite surmortalité chez les personnes âgées"
Lors de ce bilan, Agnès Buzyn a estimé que ces journées devraient probablement se traduire par une "petite surmortalité chez les personnes âgées". Mais les chiffres ne seront pas connus avant plusieurs semaines.
Ces patients ont été fortement représentés dans les services d'urgences ces derniers jours. "A peu près les deux tiers" des plus de 75 ans, ont été hospitalisés selon la ministre qui estime que "ce sont des chiffres absorbables par nos établissements de santé". 25% des personnes âgées ainsi prises en charge souffraient d'hyponatrémie, c'est-à-dire un manque de sel aux conséquences potentiellement graves pour l'organisme. Il faut "boire beaucoup, mais manger aussi, et prendre du sel en même temps. Nous adapterons peut-être les messages dans les années qui viennent. C'est quelque chose qu'on ne voyait pas jusqu'à présent", a déclaré Agnès Buzyn.
Elle s'est cependant félicitée du nombre "relativement faible" de consultations dans les services d'urgences, 3 à 4% du total seulement étant dues à la canicule. Sur les 650 services d'urgences hospitaliers en France, 25 sont "en tension", et "mobilisent leurs plans qui leur permettent de faire face", décrit la ministre.
"Notre société commence à s'adapter"
Du côté des services pédiatriques, les équipes ne seraient pas non plus "submergées d'appels en lien avec la canicule", "ce qui veut dire que les messages de prévention passent bien", avait précisé dans la matinée la ministre, à l'issue d'une visite aux urgences pédiatriques de l'hôpital Necker à Paris. Sans oublier d'insister sur la nécessité d'être vigilant vis-à-vis des bébés et des jeunes enfants. Pendant les fortes chaleurs, il convient de les placer "dans des poussettes pour les aérer", et non pas dans des écharpes de portage, pour réduire les risques de malaise.
Plus largement, la ministre de la Santé estime "que notre société commence à s'adapter à la canicule". Mais que les infrastructures vont aussi devoir être repensées. "Nous pensons qu'avec le changement climatique, de tels épisodes risquent d'être plus intenses", a souligné Mme Buzyn. "Il va être certainement nécessaire d'adapter notre habitat, voire l'urbanisme des villes qui sont très minérales aujourd'hui, et qui favorisent la rétention de la chaleur, notamment la nuit", soulignant qu'à Paris intramuros, on pourrait relever jusqu'à 39 degrés mardi.
Alors que 66 départements restent en vigilance orange et que selon Météo-France, "le pic de canicule devrait se situer lundi sur les régions du Sud-Ouest, mardi sur celles du Nord-Est, du Centre-Est et du bassin parisien".
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