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Canicule : grandes difficultés dans les services de gériatrie

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Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Plus les patients sont désorientés, plus la prise en charge est complexe face aux risques générés par la canicule. Le manque de personnel ne permet pas toujours l'accès recommandé aux "pièces rafraîchies".

"Je suis en état d'alerte. Les difficultés liées à la chaleur viennent aggraver une situation déjà très compliquée", explique Guy Prévost, représentant des usagers de l'hôpital gériatrique Sainte-Périne, au sein de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP). Car les familles de patients constatent déjà en permanence des problèmes d'effectifs dans cet établissement où les pathologies prises en charge sont difficiles, avec beaucoup de troubles du comportement.

"Une douche toutes les deux à trois semaines"

"Actuellement, presque tous les jours, il y a seulement trois aides-soignantes au lieu de cinq le matin et deux sur trois l'après-midi", constate Guy Prévost. "Je suis très inquiet pour l'hygiène, avec des toilettes réalisées trop vite, alors qu'il y a eu plusieurs cas de gale récemment !". Il n'y aurait plus qu'une douche toutes les deux ou trois semaines pour chaque patient. Alors même que la température dans les chambres augmente jour après jour : "Les fenêtres sont bloquées pour des raisons de sécurité, poursuit le délégué des familles. Nous avons demandé à la direction des dispositions particulières pour qu'elles soient ouvertes la nuit avec la surveillance nécessaire... mais cela n'a pu être réalisé qu'une fois : le personnel manque !"

Une pénurie qui ne permet pas non plus de conduire tout le monde dans la pièce climatisée du service... "Seuls ceux qui ont des proches valides pour les aider y accèdent vraiment", déplore Guy Prévost. Un constat partagé par le Dr Fabienne Tourres, gériatre à l'hôpital Paul Brousse de Villejuif, également  au sein de l'AP-HP : "Il n'y a pas assez de personnel pour accompagner et surveiller des patients souvent désorientés".

Pour les aider à boire, son service bénéficie du renfort de volontaires de la Protection civile. "Cela permet aux soignants de se concentrer sur ceux qui sont plus difficiles à stimuler", explique le Dr Tourres. "Mais ils manquent quand même de temps pour faire face aux besoins créés par la canicule". Car la chaleur entraîne par exemple une somnolence qui ralentit la prise des repas alors que l'organisation de la journée ne permet pas de s'y adapter.

Les besoins de soins sont augmentés par la canicule

Le "besoin de soins" est d'une manière générale augmenté à cause des risques spécifiques générés par les comportements inadaptés des patients face à la canicule. "Ils n'ont pas du tout la bonne perception de la chaleur et se couvrent beaucoup trop", décrit la gériatre. "Un patient veut toujours mettre son costume trois pièces ! Et ceux qui déambulent peuvent s'installer au soleil...".  L'équipe doit alors négocier une nouvelle tenue, prendre par la main pour conduire à l'intérieur ou au moins à l'ombre, ce qui exige une bonne connaissance de ces troubles. Or, l'été est la saison des remplacements avec beaucoup d'intérimaires.

"Nos proches, déjà fragiles, sont déstabilisés par ces changements", constate Guy Prévost à Sainte-Périne. Pour l'instant, selon les éléments dont il dispose, le nombre des décès constatés n'est pas anormal. L'inquiétude reste entière sur les prochains jours. "Ce sont des organismes très fragiles, "sur la corde", qui peuvent tenir face au début de l'épreuve physique représentée par la hausse des températures mais subir un fort retentissement quelques semaines plus tard", décrypte le Dr Tourres. "Il faudra être très vigilant".

Dans l'immédiat, la gériatre rappelle les grandes clés du suivi quotidien des personnes âgées ces jours-ci. Il faut consulter le médecin en cas de traitements chroniques dont les effets peuvent interférer avec la régulation de la température corporelle. Un changement de comportement doit immédiatement alerter les proches. Pour la pièce rafraîchie, attention à ne pas dépasser 5 à 6 degrés d'écart avec l'environnement habituel. Sans oublier de surveiller la peau et faire boire bien sûr.

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