Algues vertes : les risques ont-il été sous-estimés ?
Cette année, la prolifération des algues vertes est massive et précoce. Elles empoisonnent le littoral breton depuis des décennies. Si elles prolifèrent anormalement c’est à cause des nitrates que les agriculteurs déversent en trop grande quantité et qui finissent dans les cours d’eau, puis au final dans la mer.
Ces algues se déposent ensuite sur les plages où les communes les ramassent par tonnes, car au delà de la pollution visuelle, elles représentent un danger. Quand elles entrent en décomposition, elles peuvent en effet générer un gaz mortel.
"Les algues sont des végétaux qui contiennent beaucoup de souffre donc quand la matière organique pourrit, ça fait beaucoup d’hydrogène sulfuré, un gaz mortel qui est classé dans les mêmes catégories que les gaz de combat qui ont été utilisés pendant les guerres. Si on se retrouve à inhaler de l’hydrogène sulfuré, on peut en mourir très facilement", explique Dr Claude Lesné, toxicologue spécialiste des polluants aériens au CNRS.
Pour éviter l’intoxication, tous ceux qui travaillent au contact des algues vertes portent aujourd’hui un détecteur d’hydrogène sulfuré. Un appareil qui, le 22 juillet 2009, aurait pu sauver la vie de Thierry Morfoisse. Ses parents en sont convaincus. Ce jour-là, il transportait des algues vertes à un stade de décomposition avancé. Il est décédé au volant de son camion. Il avait 48 ans. "Il s’est retrouvé dans une chambre à gaz, pris entre la benne et la montage d’algues derrière son dos", estime son père, Claude Morfoisse.
Huit ans après les faits, la famille de Thierry Morfoisse se bat encore pour que justice soit faite, car au départ, personne n’a fait le rapprochement entre sa mort et les algues vertes. Le certificat de décès stipule une "mort naturelle".
Leur avocat compte bien faire reconnaître le décès de Thierry Morfoisse comme accident du travail. "En 1989, un joggeur meurt au contact des algues vertes. En 2009, il y a l’accident mortel de Thierry Morfoisse. Il y a également le décès de très nombreux animaux : un cheval avec son cavalier qui perd connaissance etc. Donc il y a une succession d’évènements pour lesquels les autorités publiques ont toujours refusé de reconnaître le lien de causalité", affirme Me François Lafforgue. "Si on obtient cette reconnaissance comme accident du travail, cela va ouvrir une brèche pour d’autres cas. On espère surtout que les autorités publiques prendront les mesures adaptées, enfin, après 40 ans d’inaction !", poursuit-il.
Le tribunal des affaires de sécurité sociale de Saint-Brieuc a examiné le dossier il y a quelques semaines. Le jugement est attendu dans la journée.
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