Délai de prescription : "Quand la justice me dit d'oublier, c'est insupportable", lance la victime d'un viol quand elle était enfant
Les députés se sont penchés, jeudi, sur une loi portant à vingt ans le délai de prescription pour les crimes. Mais des associations souhaitent aller plus loin pour les viols sur mineurs.
C'est une fêlure, une douleur immense qu'elle porte en elle depuis quarante ans. Mie Kohiyama a été violée à l'âge de 5 ans par un cousin éloigné. La fillette ne dit rien puis oublie. Une amnésie post-traumatique, un syndrome qui frappe plus d'un tiers des victimes de crimes sexuels pendant l'enfance.
Les faits lui reviennent brutalement en mémoire trente-deux ans plus tard lors d'une séance d'hypnose. Elle retrouve alors chez ses parents des dessins réalisés quelques semaines seulement après les faits. Sous le coup de crayon, toute la détresse d'un enfant. Aucun magistrat n'examinera ses dessins. Ils n'ont pas valeur de preuve.
Les preuves disparaissent
En 2011, Mie Kohiyama porte plainte. Trop tard pour la justice. Les faits sont prescrits. Elle épuisera tous les recours jusqu'à la Cour de cassation. Elle n'obtiendra jamais gain de cause. Dans un livre, elle témoigne et plaide pour rendre les crimes sexuels sur mineurs imprescriptibles. Virginie Duval, présidente de l'Union syndicale des magistrats estime que les enquêtes ouvertes des décennies après les faits se heurteraient aux manques de preuve et risqueraient de nourrir la déception des victimes.
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