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Vidéo Enfants hyperactifs: un médicament qui fait débat

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L'oeil du 20h Ritaline
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

Être agité, inattentif, impulsif…des traits de caractère que de nombreux parents retrouvent chez leurs enfants. Un comportement qui parfois peut s’avérer difficile à gérer. Pour certains médecins cela devient alors un trouble: le TDAH. Il toucherait 500 000 enfants en France… certains sont traités avec un médicament psychotrope dont la prescription, en plein essor, fait débat.

TDAH…Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Un trouble du neurodéveloppement qui peut gêner les enfants dans leurs apprentissages… Depuis près de 30 ans, et sous différents noms commerciaux: le méthylphénidate, classé comme stupéfiant, est indiqué en France pour calmer les symptômes du TDAH. Nous avons examiné les données de l’assurance maladie.

Le nombre de boîtes de méthylphénidate délivrées à des patients mineurs a augmenté de 62 % entre 2016 et 2021.Cette année-là: 150 823 jeunes patients de moins de 19 ans, en consommaient. Des garçons à 80%. 

A 1h de Lyon, nous avons justement rendez-vous avec un de ces très jeunes patients.

Hugo 10 ans, est en CM1. Au mois d’octobre dernier, l’école alerte les parents sur son inattention en classe et les invite à consulter. 

"C'était le dernier traitement "dernier recours". Après les aménagements, il y avait le traitement, explique sa mère. Et sinon, si pas de traitement, alors c'était une classe spécialisée".

Un pédiatre à l’hôpital lui prescrit du méthylphénidate. Pendant 2 mois, le petit garçon va prendre le médicament tous les matins les jours d’école, avant d’arrêter à cause d’effets indésirables, dont certains seraient très fréquents selon la notice.

"Ca nous a détraqué Hugo, affirme-t-elle. Il était pétri de tocs. Il secouait ses mains sans arrêt, bougeait la tête, secouait la tête. C'était non-stop. On a eu vraiment ce ressenti qu'on a donné ce traitement pour faciliter le quotidien des enseignants."

Au départ uniquement prescrit à l'hôpital, le médicament est aujourd’hui plus facilement accessible.En 2021, la Haute Autorité de Santé a en effet donné le feu vert aux médecins spécialistes pour initier le traitement en ville.“La prescription initiale hospitalière n’est plus requise. Le renouvellement est possible par tout médecin”.

Cette libéralisation des prescriptions est-elle à l’origine de la hausse de la consommation du médicament chez les enfants ? Le recours à cette molécule est-il toujours justifié ? 

Nous prenons rendez-vous avec un psychiatre spécialiste du TDAH en prétextant que nous avons un enfant de 7 ans un peu agité. Il nous propose une télé consultation à 140 euros.

En quelques minutes, il va détecter chez notre enfant un TDAH sans l’avoir jamais vu ni lui avoir parlé.Une vingtaine de questions très générales sur le comportement lui suffisent, par exemple: "a du mal à soutenir son attention au travail?", "se laisse facilement distraire?".

Le diagnostic tombe: TDAH. Et pour lui, le méthylphénidate serait la seule solution:

"Le seul traitement vraiment efficace c'est un traitement biologique, c'est à dire un médicament. [...] Quand quelqu'un est en hypoglycémie on lui donne du sucre. [...]Les parents peuvent aussi le donner le week-end, s'ils ont une activité particulière, par exemple si vous recevez de la famille avec beaucoup d'enfants pour ne pas que ça tourne au grabuge, si vous allez visiter un musée... Ce médicament permet parfois d'avoir un bonheur de vivre formidable", nous explique-t-il. 

S’il est plus facile de prescrire aujourd’hui du méthylphénidate c’est en partie grâce à l’influence d’une association référente sur le TDAH. Nous profitons de son assemblée générale pour demander à sa présidente s’il est normal de prescrire aussi facilement un psychotrope à un enfant, sans même l’avoir vu. 

"C'est pas ce qu'on attend. C'est contre-productif!" s'agace Christine Gétin, présidente et fondatrice de l'association TDAH-France-Hypersupers. Car selon elle, le médicament serait indispensable dans certains cas: "Il y a des parents qui s'enlisent dans des situations complexes parce qu'ils refusent le traitement qui leur fait peur". 

Dans un rapport publié il y a un mois, le Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge rappelle que quels que soient les symptômes, il faut privilégier : “en première intention des approches non médicamenteuses”. 

Certains psychiatres alertent d’ailleurs sur le recours trop systématique selon eux au médicament, parfois qualifié de "pilule de l’obéissance":  "Donner un médicament, c'est bien moins engageant que de donner un traitement à long terme, de travailler avec les écoles, les familles, du point de vue économique, du point de vue pédagogique. Si la réponse est médicamenteuse par manque de moyens, alors que l'on sait qu'on sait faire autrement alors là, oui, c'est dramatique. C'est coupable", explique Olivier Tarragno, psychiatre, pédopsychiatre et psychanalyste, en charge du pôle Santé de Sciences Po.

Contactés, les 4 laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent la molécule n’ont, de leur côté pas souhaité répondre à nos questions.

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