Migrants : les tests osseux contestés
Il est arrivé du Nigeria il y a un an. Ce garçon dit avoir 16 ans mais il raconte que les médecins chargés d'évaluer son âge lui ont expliqué qu'il était trop grand pour son âge et que son niveau d'anglais laissait croire qu'il était majeur. Il a ensuite été soumis à des tests osseux à l’issue desquels les médecins ont affirmé qu’il était majeur. « Je me suis effondré moralement, j’écoutais plus ce que les gens me disaient, j’étais dévasté, je suis presque devenu fou », confie le jeune exilé. N’ayant pas été reconnu mineur, il n’a pas pu avoir accès à la protection de l’enfance.
"Une radio a plus de valeur que leur parole"
Dans le Calvados, ces jeunes mineurs exilés peuvent trouver de l’aide auprès des équipes de Médecins du Monde. Laurie Dupont, bénévole et psychologue clinicienne au sein de l’ONG constate l’impact très délétère de ces tests sur des jeunes déjà très fragilisés. « Pour eux ça veut dire qu’une radio, une machine a plus de valeur que leur parole qui déjà était difficile à dire et à exprimer donc c’est assez violent », explique-t-elle.
Le test osseux consiste en une radio de la main. Cette image est comparée à l’Atlas de Greulich et Pyle, un atlas élaboré dans les années 30 à partir des mains d’enfants nord-américains. Il consigne différents stades de développement des os de la petite enfance à l’âge adulte. Mais selon Pr Patrick Chariot, médecin légiste à l’hôpital Jean-Verdier (AP-HP), l’âge osseux ne correspond pas forcément à l’âge réel ou chronologique des enfants. Dans un article scientifique publié en 2014 on voit que pour un âge osseux correspondant à 19 ans, on trouve des jeunes qui ont entre 15 et 20 ans. De plus, la population des années 30 en Amérique du Nord ne correspond pas forcément à celle des migrants, soumis à des conditions socio-économiques plus sévères et à une alimentation probablement moins équilibrée et variée.
Des tests dénoncés par de nombreuses associations
Plusieurs instances, dont le Haut Conseil de la santé publique ou le Comité consultatif national d’éthique, ont fait part de leurs réserves ou de leur inquiétude concernant ces tests. De leur côté, de nombreuses associations de défense des droits de l’homme les dénoncent.
Le dossier est désormais entre les mains du Conseil constitutionnel. Il doit désormais se prononcer sur la conformité de ces tests à la Constitution française. La décision est attendue pour le 21 mars.
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