Bronchiolite : selon les kinés, les recommandations de la HAS ont été mal interprétées
"Attention : non-recommandation ne veut pas dire contre-indication", avertit Sébastien Guérard, contacté par Allodocteurs.fr. Le président de la Fédération Française des Masseurs, Kinésithérapeutes et Rééducateurs (FFMKR) déplore une mauvaise interprétation des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS). Plusieurs syndicats de kinésithérapeutes ont publié un communiqué commun dans ce sens.
Plus tôt dans la journée, la HAS affirmait qu’aucune étude n’apportait la preuve scientifique de l’efficacité de la kinésithérapie respiratoire pratiquée à l'hôpital.
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Un traitement inutile ?
Selon Thomas Lagrange, kinésithérapeute spécialiste de cette intervention, c’est tout le contraire. « Quand j’interviens sur un bébé qui ne va pas bien, nous constatons avec les parents une amélioration. Le bébé mange mieux, dort mieux … Tout le monde est moins stressé. C’est l’une des seules interventions qui a un résultat immédiat et direct. »
Un avis partagé par Sébastien Guérard : « « Je pense qu’il faut tout de même recourir à la kinésithérapie respiratoire, ces enfants sont immédiatement soulagés après une séance. Avant la séance, la saturation en oxygène est moins importante ; après, la saturation remonte. Même si ce n’est pas pérenne, ça soulage sur le moment. »
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Alors pourquoi cette non-recommandation ?
« C’est un débat assez long », raconte Thomas Lagrange. « En 2012, des articles contradictoires sont parus. L’un disait que la kiné respiratoire était efficace, l’autre disait que non … Tout ce que je constate, c’est que les parents reviennent me voir parce que leur bébé va mieux. »
« Cette recommandation respecte la méthodologie de la HAS qui procède à une grosse revue de la littérature internationale sur le sujet. Problème : cette littérature ne concerne que les enfants hospitalisés. C’est très loin du nouveau-né qu’il y a dans nos cabinets, on ne parle pas du même stade de la maladie », renchérit Sébastien Guérard.
Un communiqué de la FFMKR pointe le même problème et demande la mise en oeuvre rapide de la recommandation de la HAS qui vise à réaliser une étude portant sur les nourrissons traités par des praticiens de ville. « Aujourd’hui, aucun moyen de mettre en place des études fiables en ville car il existe un problème essentiellement de financement », regrette Sébastien Guérard.
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Un risque d’engorgement des urgences
Selon Sébastien Guérard, la mauvaise interprétation des recommandations de l’HAS fait courir un vrai risque : « En pleine crise des urgences, avec le pic de bronchiolite qui arrive, ça pourrait vite être catastrophique. Si la population se précipite aux urgences, ça va fumer … »
« En terme de santé publique pure, il risque d’y avoir plus de consultations chez les généralistes, pédiatres et aux urgences pédiatriques », déplore lui aussi Thomas Lagrange. « Après une kinésithérapie respiratoire, on sort du cercle vicieux où le bébé ne mange plus, ça ne guérit pas le virus mais l’enfant dort mieux, mange mieux, tout le monde est moins stressé et on ne va pas aux urgences à un moment où ce n’est pas utile. »
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Le double rôle des kinésithérapeutes
Selon Thomas Lagrange, pour qui la kinésithérapie respiratoire représente environ 10 à 20% de son activité pendant l’hiver, le praticien ne doit pas s’arrêter à un simple désencombrement (des poumons et des urgences). La pseudo-régularité des rendez-vous permet de conseiller les parents et de surveiller l’évolution de la maladie.
« On lit même dans les recommandations de la HAS que les kinés sont nécessaires et indispensables », rappelle Sébastien Guérard. Dans son communiqué, la FFMKR abonde dans ce sens : la prise en charge du patient par le kinésithérapeute permet de réorienter le bébé vers le médecin traitant ou les urgences le cas échéant.
Les symptômes qui devraient vous amener à consulter un kinésithérapeute sont, selon Thomas Lagrange, une respiration sifflante, une toux grasse, et surtout une gêne respiratoire qui empêche le bébé de manger et dormir correctement.
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