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Un Belge a-t-il découvert la photo de son père défunt sur un paquet de tabac ?

Serge Nizet en est convaincu depuis plusieurs mois : la Commission européenne a utilisé une image non autorisée de son père pour sa campagne anti-tabac. Par le passé, cette photo d'un homme sous assistance respiratoire a déjà suscité plusieurs réclamations.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié
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Un bureau de tabac de Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 5 janvier 2017. (MAXPPP)

La photo d'un Belge décédé a-t-elle été utilisée sur des paquets de tabac à l'insu de ses proches ? Révélée par la presse belge cet été, cette histoire est réapparue récemment, après que LCI a recueilli le témoignage de son fils, mardi 10 janvier. Serge Nizet affirme ainsi être dans "une impasse" face à la Commission européenne et dit se sentir désarmé.

Serge Nizet découvre l'image il y a six mois, quand sa mère l'avertit, en état de choc. Elle dit avoir reconnu le défunt sur ce cliché illustrant une campagne anti-tabac. En effet, pour décourager les fumeurs, certains paquets arborent un homme sous assistance respiratoire, les yeux fermés et le teint blafard. Après avoir observé la photo, cet habitant de Seraing, dans la périphérie de Liège, n'a plus de doute : il s'agit selon lui de son père Joseph, mort six ans plus tôt après des complications liées à un AVC.

Serge Nizet est convaincu d'avoir reconnu son père Joseph sur cette image imprimée sur certains paquets de tabac. (LOIC VENANCE / AFP)

Mais alors, comment cette image a-t-elle atterri sur des paquets de cigarettes ? "Du côté de la famille, nous sommes sûrs à 100 % : personne n’a pris de photo de papa à ce moment-là. Et personne ne nous a demandé notre autorisation non plus", déclarait Serge Nizet en juillet dans un entretien au quotidien La Capitale.

Démenti formel de la Commission européenne

Contactée par franceinfo, la Commission européenne dément les accusations de Serge Nizet : "Nous sommes catégoriques. La personne dont il est question n'est pas le père de monsieur Nizet, et la ressemblance est purement fortuite." L'institution précise que toutes les personnes photographiées "ont été informées et ont signé un consentement écrit". Au passage, la Commission européenne dit avoir "consulté des spécialistes pour vérifier au besoin l'authenticité médicale des photos".

La réponse de la Commission européenne à l'affaire Serge Nizet, reçue par franceinfo, jeudi 12 janvier 2017. (COMMISSION EUROPEENNE)

Quelques détails supplémentaires sont apportés dans un document (PDF) consacré à la bibliothèque d'images – 42 au total – de la directive "produits du tabac". On y apprend que la photo contestée figure dans la première des trois séries (annexe II). Année après année, chacune est utilisée tour à tour sur les paquets, afin d'éviter l'usure du message. L'image de cet homme devrait donc disparaître cette année, puis revenir en 2019.

Première série des images d'avertissements sanitaires apposés sur les paquets de cigarettes, en vertu d'une directive européenne. (COMMISSION EUROPEENNE)

Serge Nizet s'interroge notamment sur le nom des "contractants externes" qui ont réalisé les clichés pour 600 000 euros. Sûre de son fait, la Commission invite le Belge à lui adresser sa requête par les voies légales habituelles. "Avec confiance, nous pensons pouvoir le rassurer une fois pour toute. Et nous sommes prêts à défendre notre position en justice si nécessaire." L'intéressé, lui, réclame simplement des excuses et le retrait de la photo, rapportent nos confrères de LCI.

Que penser de cette histoire ? Le cas de Serge Nizet, en effet, est loin d'être isolé. Depuis l'été, de nombreuses personnes ont cru reconnaître un proche sur cette fameuse image. Au total, la Commission dit même avoir reçu une cinquantaine de requêtes, venues de plusieurs Etats membres. Impossible de vérifier ce chiffre, mais plusieurs cas ont bien été signalés dans la presse.

Plusieurs cas déjà rapportés dans la presse

Une femme autrichienne a par exemple reconnu son défunt mari, Franz Wegerer, en précisant qu'il n'avait jamais touché à une cigarette. L'hôpital avait alors indiqué qu'il ne disposait pas de l'équipement visible sur la photo. "C'est moi après une opération au cerveau en 2001", avait également soutenu Harald Motter, un Allemand de 54 ans, dans le quotidien Saarbrücken Zeitung (en allemand).

Même combat pour un Espagnol, convaincu d'avoir été photographié à son insu lors d'une opération du dos, en 2013. Interrogé par La Voz de Galicia (en espagnol), cet homme resté anonyme indiquait même avoir été arrêté à plusieurs reprises dans la rue, par des habitants qui l'avaient reconnu.

Une seule certitude : impossible de donner raison à tous les plaignants. Certes, la Commission pourrait lever le voile en révélant l'identité de la personne photographiée dans cette campagne anti-tabac. Elle s'y refuse toutefois, "pour des raisons de confidentialité".

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