Irlande : le premier pub sans alcool ouvre au pays de la bière
Un pub irlandais… qui ne sert pas d’alcool. C’est le pari original dans lequel se lance le Virgin Mary, qui a ouvert début mai 2019 à Dublin. Au menu, un "Nitro coffee", boisson crémeuse, sombre et glacée servie en pression pour remplacer l’emblématique Guinness® et des "mocktails" sans alcool qui se substituent aux cocktails. Objectif de cet établissement : accompagner un changement culturel dans un pays réputé pour ses bières et ses whiskies et qui compte parmi les plus gros consommateurs d’alcool au monde.
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Un "changement culturel" par rapport à l'alcool
Derrière cette idée, Vaughan Yates, 51 ans, qui a cofondé le pub animé par la volonté de se situer à "l’avant-garde" du "changement culturel dans le monde par rapport à l’alcool." Car selon lui, "la consommation d'alcool est enracinée dans la société" irlandaise. "Mais les Irlandais sont des gens très progressistes, ouverts d'esprit", affirme-t-il à l’AFP. "Il y a une tendance en faveur du bien-être et nos boissons en sont probablement le reflet", poursuit-il.
Une initiative saluée par la docteure Sheila Gilheany, qui dirige Alcohol Action Ireland, une association de lutte contre les méfaits des boissons alcoolisées : "Nous sommes favorables à ce que les gens trouvent d'autres alternatives" que la consommation d'alcool, dit-elle à l'AFP.
L’Irlande sur le podium du "binge-drinking"
Car selon elle, le chemin à parcourir est encore long pour faire efficacement diminuer la consommation d’alcool en Irlande. "Dans les faits, la consommation d'alcool a augmenté en Irlande". La hausse, souligne la docteure Gilheany, concerne à la fois la quantité consommée par personne et le nombre de personnes buvant de l'alcool. "Il était de 82% en 2010 et maintenant on en est à 84%".
L’Irlande occupe ainsi la deuxième place sur un classement de 194 pays en terme de "binge drinking" ou alcoolisation ponctuelle importante, selon une étude réalisée en 2014 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Alcool et "culture destructrice"
Face aux risques pour la santé, le Parlement irlandais a adopté en octobre 2018 une loi rendant obligatoire l'apposition de mises en garde sur les étiquettes de spiritueux. Objectif: changer ce que le ministre irlandais de la Santé, Simon Harris, a qualifié de "culture destructrice".
En France aussi, la culture de l’alcool est fortement enracinée dans la société, principalement avec la consommation de vin. En janvier 2019, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume affirmait par exemple que le vin n’était "pas un alcool comme les autres". Une idée aux conséquences sévères, puisque même à faible dose, la consommation de vin ou de n’importe quelle autre boisson alcoolisée augmente le risque de développer un cancer.
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