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Expérimentation du cannabis médical : un médecin-consommateur voudrait voir changer "l'état d'esprit" de ses collègues

Le docteur Pascal Douek, atteint d'une sclérose en plaque fait partie des mille patients qui sont dans l'expérimentation sur le cannabis thérapeutique. Un usage très encadré à développer selon lui.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un plant de cannabis. Photo d'illustration. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

Les cannabis médical sera "toujours" destiné aux patients "qui ont des pathologies chroniques sévères", a expliqué jeudi 16 décembre sur franceinfo le docteur Pascal Douek, médecin et patient, atteint d’une sclérose en plaque et consommateur de cannabis thérapeutique, il participe avec un millier de Français à une expérimentation lancée depuis plusieurs mois.

franceinfo : Depuis combien de temps prenez-vous du cannabis ?

Pascal Douek : Dans le cadre de l'expérimentation, cela fait neuf mois. Il y un contrôle médical strict, la mise en place d'un registre, c'est-à-dire que l'ensemble des prescriptions qui sont faites sont enregistrées dans un registre sur l'efficacité, les effets secondaires, comment le cannabis a été délivré.

Sous quelle forme le prenez-vous ?

Cela ne se fume pas. Il y a deux formes qui ont été mises à disposition dans le cadre de l'expérimentation. Des huiles qui se prennent avec une pipette et qui s'avalent, donc c'est par voie orale. Cela permet d'avoir une efficacité étendue dans le temps. Cela agit en général en deux heures et ça dure quatre à six heures. La deuxième forme, ce sont des fleurs séchées que l'on va vaporiser. Les vaporisateurs sont de petits appareils électroniques qui chauffent les fleurs séchées et qui permettent de vaporiser les actifs.

Quels sont les effets que vous constatez ?

J'ai des symptômes importants, dont la spasticité douloureuse, c'est une contraction permanente des muscles des membres inférieurs et qui est douloureuse. Mes attentes étaient de réduire ces spasticités et de réduire la douleur. Cela marche dans le sens où c'est réduit mais j'ai des effets secondaires qui pour moi sont problématiques. Je dois gérer avec mon médecin l'efficacité et les effets secondaires pour trouver le juste dosage et c'est compliqué. Ce n'est pas la solution miracle, chez certains patients l'efficacité n'a pas été retrouvée ou les effets secondaires ont été trop importants. Mais majoritairement, les patients restent dans l'expérience. La conduite n'est pas compatible avec la prise de cannabis médical et c'est l'une des raisons pour laquelle des patients sortent de l'expérience. L'accoutumance fait aussi partie des effets secondaires, il faut juste savoir que le cannabis est une des substances les moins addictives.

Pourquoi seulement 1 000 personnes participent à cette expérience au lieu des 3 000 prévues au départ ?

La principale raison ce sont les professionnels de santé. Ils doivent subir une formation qui représente trois heures et demie parce qu'ils ne connaissent pas le cannabis médical. Un médecin est formé à la fac, très peu sur le cannabis, et dans tous les cas on lui a parlé du cannabis comme d'une drogue, d'un stupéfiant, un toxique. Donc, là il faut changer l'état d'esprit des médecins pour leur faire comprendre que le cannabis peut soulager des malades.

Est-ce qu'il y a un risque d'abus ou de détournement ?

Non, pas dans le cadre de l'expérimentation. On s'adresse vraiment à des malades qui ont des pathologies et des symptômes sévères et qui n'ont pas répondu aux traitements existants. Le cannabis médical représente leur nouvel espoir pour les soulager. Il y a des enjeux importants et cela restera toujours chez les patients qui ont des pathologies chroniques sévères.

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