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Des médecins libéraux se lancent dans la "guérilla" administrative

Suite du bras de fer entre les médecins et le ministère de la Santé même si l'unité syndicale est un peu entamée. Le principal syndicat de médecins libéraux appelle à refuser la carte Vitale.
Article rédigé par Noémie Guillotin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (La carte vitale, moyen de pression des médecins © MAXPPP)

 Les patrons de cliniques ont renoncé la semaine dernière à faire grève à partir d'aujourd'hui. Ils ont estimé avoir obtenu des avancées, des garanties de concertation et la réécriture de certains articles de la loi. Pour le syndicat des médecins libéraux, il s'agit d'un "compromis conclu dans le dos des spécialistes". Il les appelle donc à cesser le travail aujourd'hui et demain dans les cliniques mais aussi dans les cabinets.

Division donc entre médecins et structures. Et côté syndicats, des stratégies différentes. La confédération des syndicats médicaux français préfère économiser les forces et veut passer à une autre sorte de grève, la grève administrative. Comprenez ne pas prendre la carte Vitale des patients que ça ne gêne pas d'être remboursé tardivement pour bloquer la sécu avec un afflux de feuilles de soins. Du côté du ministère de la santé, on continue d'affirmer que la volonté de dialogue est toujours de mise. Des groupes de travail sont prévus ce mois-ci. Mais tous les syndicats s'assiéront-ils autour de la table ? Là non plus il n'y a pas pour l'instant unanimité.

"Ils ont parfaitement raison, les médecins" (François Hollande) 

Bloquer la sécu avec un afflux de feuilles de soin

Invité de France Inter ce lundi matin, François Hollande a dit "comprendre" en partie les médecins opposés à la généralisation du tiers payant :  "Je comprends les médecins qui disent qu'il ne faut pas que ce soit compliqué. C'est toujours la même chose, il ne faut pas que ce soit compliqué et il ne faut pas qu'on soit remboursé à la Saint-Glinglin. Ils ont parfaitement raison, les médecins, il faut qu'on puisse être capables d'être beaucoup plus simples, beaucoup plus efficaces, mais c'est quand même une avancée."

Des déclarations qui n'apaisent pas la colère des médecins grévistes. Pour Jean-Paul Ortiz, Président de la confédération des syndicats médicaux français, le tiers payant généralisé reviendrait à "mettre les médecins sous la coupe financière et le paiement direct des assureurs complémentaires outre l'assurance maladie ".  La grève administrative durera jusqu'à ce que le gouvernement bouge, a-t-il déclaré sur France Info, appelant le gouvernement à examiner la solution proposée par les médecins : le paiement monétique à débit différé santé.

 "Le patient paie directement son médecin avec une carte bleue. Le médecin est payé par la banque qui a délivré la carte bleue, mais le patient n'est débité que lorsqu'il est remboursé par la caisse de sécurité sociale et par la mutuelle. Ceci maintient le lien direct entre le médecin et son patient, mais aussi entre le patient et sa mutuelle, car lui il peut en changer. Nous, si nous dépendons directement de l'assureur complémentaire et s'il ne nous paie pas, nous sommes désarmés ."

 

"Il faut modifier cette loi de fond en comble" (Jean-Paul Ortiz)
 Ce mouvement n'est pas compris par tous les syndicats, notamment FO et CFDT qui s'étonnent de cette attaque du système de sécurité sociale. Sur France Info, Eric Henry le président du syndicat des médecins libéraux de France leur répond que c'est l'inverse : "Le système de sécurité sociale est un système basé sur la solidarité et le partage ", rappelle-t-il, "actuellement on est en train de débarasser la Sécurité sociale de tout le petit soin pour le vendre aux mutuelles et je suis étonné que ces deux syndicalistes [Jean-Claude Mailly et Laurent Berger NDLR] acceptent qu'on vende le soin français aux mutuelles ". Il ajoute, un peu agacé : "Je suis aussi étonné de leur capacité à accepter que tous leurs secrets médicaux soient vendus à des structures industrieuses qui vont fabriquer de l'argent avec ".

 

"Le combat que nous menons, c'est pour le bien de la population française" (Eric Henry le président du syndicat des médecins libéraux)

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