Santé : la nicotine comme possible traitement de la schizophrénie
Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a publié lundi une étude, réalisée avec plusieurs instituts, sur les effets positifs de la nicotine sur les cellules nerveuses impliquées dans les troubles psychiatriques.
La nicotine pourrait-elle, à terme, soigner des maladies mentales comme la schizophrénie ? Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a publié, lundi 23 janvier dans un communiqué, les résultats d’une étude conjointe de plusieurs instituts.
Cette étude, publiée dans la revue scientifique Nature Medicine, montre que la nicotine a un effet direct sur "le rétablissement de l’activité normale des cellules nerveuses impliquées dans les troubles psychiatriques, comme la schizophrénie".
Des patients précurseurs
Les chercheurs s’étaient posé la question après avoir constaté que de nombreux "patients schizophrènes avaient fréquemment recours au tabagisme comme automédication pour compenser les déficits dûs à leur maladie ou pour les soulager des lourds effets secondaires de leur traitement (léthargie, perte de motivation)", précise le communiqué.
Récemment, la mutation génétique CHRNA5, associée aux "troubles cognitifs des schizophrènes et à la dépendance au tabac", a été identifiée chez l’homme. Les chercheurs ont donc introduit cette mutation chez la souris, pour recréer les mêmes symptômes et "identifier précisément le type cellulaire dont l’activité était affectée par la mutation génétique", explique le CNRS. Conclusion : il s’agit des "interneurones (petits neurones qui établissent des connexions entre des réseaux de neurones)".
"Un état d'excitation normal" retrouvé
Fani Koukouli, première auteure de l’'article, explique que "les travaux portant sur ce modèle de la maladie montrent que lorsque nous administrons de la nicotine, celle-ci influence l’activité des cellules pyramidales du cortex préfrontal qui retrouvent un état d’excitation normal".
Ainsi, l'administration répétée de nicotine, "laisse présager une possible cible thérapeutique pour le traitement de la schizophrénie" déclare Uwe Maskos, auteur principal de l'article.
Et les effets nocifs ?
Uwe Maskos précise que "la molécule thérapeutique devra présenter la même forme que la nicotine sans en avoir les effets nocifs (dépendance, vieillissement cellulaire, accélération de l’activité cardio-vasculaire)".
En plus du CNRS, l’Institut Pasteur, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’École normale supérieure (ENS) ont participé à l'étude.
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