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Rémission d'un patient atteint du VIH : "Il faut rester prudent" estime Olivier Schwartz, de l'institut Pasteur

Dix ans après un premier cas confirmé, une deuxième personne a connu une rémission durable du virus du SIDA. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un deuxième cas mondial de rémission chez un patient atteint par le virus du SIDA (VIH) après arrêt de son traitement a été annoncé mardi 5 mars.  (MAXPPP)

Un deuxième cas mondial de rémission chez un patient atteint par le virus du Sida (VIH) après arrêt de son traitement, a été annoncé mardi 5 mars par des chercheurs qui le considèrent comme probablement guéri, même s'il est encore trop tôt pour l'affirmer. "Il faut rester prudent", a déclaré sur franceinfo Olivier Schwartz, directeur scientifique de l'Institut Pasteur et responsable de l'unité Virus et immunité. 

franceinfo : Ce deuxième cas redonne de l'espoir. Peut-on guérir du Sida ?

Olivier SchwartzIl faut rester prudent. C'est une formidable avancée, il y a des millions de personnes qui sont infectées, porteuses du virus et qui sont sous traitement antirétroviral qui fonctionne très bien. Les patients doivent prendre une molécule, un traitement tous les jours, et leur santé se comporte tout à fait normalement. Là c'est un cas différent. Les deux personnes n'ont plus de virus détectable dans leur organisme. Chez les patients traités normalement, si on arrête le traitement, le virus va ressortir à cause de ce fameux réservoir viral où le virus est latent, endormi. C'est une preuve supplémentaire que l'on peut se débarrasser complétement du virus qui est présent dans l'organisme.

Est-ce qu'il y a un bémol à ce traitement ?

Il y a un gros bémol puisque la technique qui a été appliquée, une transplantation de moelle, l'a été parce que les deux patients ont tous les deux eu un cancer du sang. C'est ce qui a justifié la greffe de moelle et dans les deux cas une approche très originale a été utilisée. Elle consiste à utiliser des cellules qui sont naturellement résistantes à l'infection contre le VIH. Donc, s'il restait du virus quelque part après cette greffe de moelle, il n'a pas pu se multiplier.

Donc c'est un peu un hasard ?

Ce n'est pas un hasard puisque les cliniciens ont choisi de faire une greffe avec des cellules qui sont naturellement résistantes. Il y a des personnes qui sont naturellement résistantes à l'infection parce qu'elles ont une mutation dans une molécule qui s'appelle CCR5 qui est un des récepteurs importants pour le virus. En son absence, le virus ne peut pas se multiplier. Donc, les cliniciens ont choisi d'injecter des cellules résistantes naturellement.

Cette technique peut-elle être utilisée sur tous les malades ?

Non, pour la simple et bonne raison que le protocole de transplantation de moelle est extrêmement lourd. Il faut associer de la chimiothérapie, éventuellement une irradiation. Donc, les risques liés à la transplantation sont beaucoup plus grands que les risques liés à un traitement avec des molécules antirétrovirales. En revanche, cela nous montre que l'on peut arriver à ce résultat en modifiant les cellules pour qu'elles n'expriment plus le récepteur CCR5. Différentes alternatives peuvent être envisagées, mais elles ne sont pas disponibles pour les patients. On avance dans la bonne direction. Il faut des années de recherches pour arriver à une guérison.

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