La peste serait arrivée en Europe au Néolithique
Des spécimens de Yersinia pestis, bactérie responsable de la peste, ont été retrouvés sur des dents et des ossements humains datant du quatrième au cinquième millénaire, révèlent des chercheurs qui ont séquencé le génome de ces organismes dans une étude publiée ce 23 novembre dans Current Biology.
Ils ont analysé plus de 500 dents et ossements retrouvés en Allemagne, Russie, Hongrie, Croatie, Lituanie, Estonie et Lettonie. Ils ont retrouvé l'ADN complet de la bactérie sur les restes de six individus. Le séquençage a permis de déterminer que la peste est probablement arrivée en Europe centrale "approximativement à la même époque que les nomades des steppes d'Eurasie", entre la fin du Néolithique, il y a 4.800 ans et le début de l'âge du bronze il y a 3.700 ans.
Les différents génomes de cette bactérie, découverts dans différentes parties de l'Europe, sont assez similaires. "Cela laisse penser que la peste est entrée en Europe, soit à de multiples reprises pendant cette période, en provenant du même réservoir infectieux local, ou en une seule fois à la fin du Néolithique", explique Aida Andrades Valtueña de l'Institut Max Planck sur la science de l'histoire Humaine, co-auteure de l'étude.
Les échantillons complets d'ADN de la bactérie de la peste retrouvés sur des dents et ossements confirment l’hypothèse selon laquelle des changements génétiques liés à sa virulence étaient en cours pendant cette période, pointent ces scientifiques.
La peste était-elle aussi virulente il y a 7000 ans ?
Mais davantage de recherches seront nécessaires pour confirmer dans quelle mesure ces évolutions génétiques affectaient déjà la sévérité de l'infection au Néolithique, relèvent les auteurs de l’étude. Selon ces chercheurs, il est en effet possible que la bactérie Yersinia pestis ait déjà été capable de provoquer des épidémies étendues.
"La menace présentée par la peste pourrait avoir été une des raisons [d’importants] mouvements migratoires entre la fin du Néolithique et le début de l'âge de bronze", suppute Johannes Krause, directeur du Departement d'archéogénétique de l'Institut Max Planck, qui a dirigé cette étude. En outre, l'introduction de la maladie en Europe a peut-être joué un rôle majeur dans le renouvellement génétique des populations européennes, avance le chercheur.
avec AFP
Étude : A.A. Valtueña et al., "The Stone Age Plague and Its Persistence in Eurasia", Current Biology, 22 nov. 2017 doi:0.1016/j.cub.2017.10.025
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