Immunothérapie : son efficacité altérée par les antibiotiques
Booster les défenses immunitaires pour réduire, voire éliminer les tumeurs. L’idée est la base de l’immunothérapie et a permis une "révolution thérapeutique", selon les mots employés par les chercheurs de l’Institut Gustave-Roussy, basé à Villejuif. Seulement, la prise d’antibiotiques réduirait l’efficacité de ces traitements, selon une étude publiée vendredi 3 novembre dans Science par des chercheurs français.
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Les 249 sujets de l’étude étaient tous traités par immunothérapie pour un cancer avancé du poumon, du rein ou de la vessie. Parmi eux, près de 30% avaient pris des antibiotiques, "mais leur état de santé général n’était pas différent de celui des patients non traités par antibiotiques", selon le communiqué de l’institut Gustave-Roussy présentant l’étude.
Les bénéfices de la flore intestinale
La prise de médicaments a eu pour conséquence un "déséquilibre au niveau du microbiote intestinal", constatent les chercheurs. Aussi appelée "flore intestinale", ces milliards de bactéries présentes dans l’intestin "participent à la maturation des défenses immunitaires", rappelle le communiqué. D’où l’intérêt de ce microbiote dans le cadre de l’immunothérapie.
En créant ce déséquilibre, "la prise d’antibiotiques deux mois avant et jusqu’à un mois après le début du traitement a un impact négatif sur la survie sans progression de la maladie et la survie globale des patients dans ces trois types de cancer", concluent les équipes de Gustave-Roussy.
Une bactérie particulièrement importante
"La composition du microbiote est un facteur prédictif de réussite" ajoute le Dr Bertrand Routy, médecin hématologue à l’origine de ces travaux. De fait, l’étude d’une autre série de patients (153 en tout) a permis d’identifier une bactérie, l’Akkermansia muciniphila, comme particulièrement importante pour le succès de l’immunothérapie.
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Un microbiote enrichi en Akkermansia muciniphila est présent chez les patients "répondant le mieux à l’immunothérapie et chez ceux dont la maladie était stabilisée pendant au moins trois mois", selon l’étude. Une fois cette corrélation mise au jour, les scientifiques ont prouvé, chez des souris, un lien de causalité entre microbiote riche et réussite du traitement.
L’administration d’Akkermansia municiphilia dans l’organisme des rongeurs possédant un microbiote défavorable a en effet permis de "restaurer l’efficacité de l’immunothérapie". Un résultat qui confirme toute l’importance de la flore intestinale dans la prise en charge des cancers, et la nécessité de la préserver en limitant l’utilisation des antibiotiques.
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