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CRISPR-Cas9 : les "ciseaux génétiques" sont-ils sans risque ?

Méthode révolutionnaire d’édition ciblée des gènes, CRISPR-Cas9 ne fonctionnerait aujourd’hui que sur les cellules dont certains mécanismes de défense – notamment contre les mutations cancéreuses – sont inopérants.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
CRISPR-Cas9 : les "ciseaux génétiques" sont-ils sans risque ?

Grâce à une technologie baptisée CRISPR-Cas9, les généticiens peuvent depuis quelques années cibler des zones précises de l'ADN d'une cellule, les découper et, éventuellement, y substituer d’autres fragments d'ADN. Mais cette retouche génétique ne peut survenir que si les mécanismes de défenses de la cellule tolère ces interventions…

Or, selon deux études publiées ce 11 juin dans la revue Nature Medicine, lorsque les "ciseaux génétiques" CRISPR-Cas9 découpent l’ADN, un système correctif piloté par le gène p53 est mis en branle. Si p53 travaille correctement, les cellules modifiées seront détruites… Au final, les seules cellules sur lesquelles CRISPR-Cas9 fonctionne seront celles dans lesquelles p53 est dysfonctionnel.

Mais un p53 dysfonctionnel, tolérant aux modifications de CRISPR-Cas9, ne détectera pas non plus les autres mutations qui pourront survenir dans la cellule. Le gène est, en temps normal, une véritable sentinelle des anomalies qui entraînent une multiplication et une prolifération anarchique des cellules : autrement dit, un comportement cancéreux.

Voir également : Remplacer un gène par un autre : aussi simple que de prononcer "CRISPR/Cas9" (ou presque)

Des cellules aveugles aux mutations

Les deux études publiées ce 11 juin, qui portent sur des cellules souches et des cellules de la rétine, ne démontrent pas que CRISPR-Cas9 crée des cellules cancéreuses, mais que cette technologie pourrait surtout être efficace sur des cellules plus enclines à "laisser passer" de futures mutations délétères.

Introduire dans un organisme des cellules modifiées avec la technique actuelle (et donc modifiables, car inapte à détecter les altérations) pourrait donc, théoriquement, accroître le risque de développement de cancers.

Interrogé par le New York Times, Jussi Taipale, coauteur de l’une des études, appelle à ne pas sur-interpréter ces résultats. Ils mettent surtout en évidence "le besoin de plus de recherches sur la sécurité de Crispr", et celles sur les techniques permettant d’amener p53 à regarder ailleurs durant un temps bref… En d’autres termes, ces nouvelles observations "ne devraient pas amener à interrompre la recherche sur les thérapies Crispr", a poursuivi Jussi Taipale. "Je pense que c'est presque l'inverse – [elles doivent nous inciter à] fournir plus d'efforts."

Études publiées dans Nature Medicine :

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