A quand un drone pour transporter le sang ?
Après la moto et l'ambulance, les drones seraient-ils capables de transporter des poches de sang ? Sans aucun doute, si l'on en croit les résultats d'une étude américaine publiée dans la revue Plos One. Les chercheurs se sont demandé si le voyage en drone affectait la qualité du sang prélevé. Car bousculades et accélérations soudaines peuvent apparaître pendant le vol de l'appareil. Selon leurs conclusions, ces turbulences ne dégraderaient pas les cellules sanguines et ne favoriseraient pas non plus la coagulation, par rapport aux méthodes classiques de transports d'échantillons biologiques.
Plus de 330 échantillons de sang ont été prélevés sur des personnes saines et acheminés par la route. Pour la moitié d'entre eux, le reste du chemin s'est fait dans les airs, via un drone. Les vols ont duré au maximum 40 minutes, à moins de 100 mètres d'altitude. A l'arrivée, tous les tubes de sang ont été testés à l'aide de 33 dosages classiques : sodium, glucose, nombre de globules rouges,…
Une température conservée autour de 20°C
Précieusement enveloppé dans la tête de l'appareil, le sang n'a aucunement souffert de son voyage aérien, soutiennent les chercheurs. La différence de température était minime entre le sol et l'air, variant de moins d'1°C à 100 mètres d'altitude.
Le sang doit être transporté à température ambiante, entre 18 et 24°C, contrairement aux organes qui eux sont transportés dans le froid. L'OMS conseille de "maintenir la température du sang total à environ +20°C pendant le transport avant de préparer les composants sanguins". Une fois arrivé, le sang peut être fractionné pour en isoler ses différents composés : globules rouges, plasma, plaquettes,… Par la suite, chaque composé sera stocké dans une température qui lui est propre, allant de - 20°C pour le plasma à plus de 24°C pour les plaquettes.
Quel avenir pour le drone médical ?
Selon les chercheurs, ce transport de sang par drone est une aubaine pour les zones reculée et rurales, souvent confrontées à des routes délabrées. "Les drones ont la capacité d'aller dans des endroits où aucune route n'est praticable", souligne l'étude. Plus besoin donc de se soucier des éboulements de terrains ou des embouteillages. D'autant plus que l'appareil est très rapide, pouvant atteindre les 150 km/h.
La prochaine étape pour cette équipe scientifique sera de tester ce dispositif en Afrique, où les laboratoires de prélèvements se situent parfois à plus de 100 km des hôpitaux. Et "la technologie de 'retour à la maison' existe déjà pour le drone, grâce à une programmation GPS, comme un pigeon voyageur" explique l'un des auteurs de l'étude.
En 2013, l'entreprise Amazon émet pour la première fois l'idée d'utiliser des drones pour livrer des objets. Depuis les concepts d'applications fleurissent, notamment dans le domaine médical : drone ambulancier dans les décombres de séismes, drone livreur de médicaments ou de vaccins,… Le seul frein à ces expansions reste la législation en vigueur. En France, les drones sont interdits de survols des aéroports, mais aussi des zones urbaines, là où se trouvent généralement les hôpitaux. Cependant, des dérogations peuvent être mises en place pour les drones professionnels, au cas par cas.
Source : Can Unmanned Aerial Systems (Drones) Be Used for the Routine Transport of Chemistry, Hematology, and Coagulation Laboratory Specimens?. T. Amukele et al. Plos One, 29 juillet 2015. DOI: 10.1371/journal.pone.0134020
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