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Découvert par le monde entier lors du Mondial 2010, le vuvuzela nous casse les oreilles

Et alerte les spécialistes qui recommandent aux supporters de porter des bouchons d'oreille dans les stades sud-africains.Selon eux, la trompette sud-africaine est "dangereuse", voire "catastrophique" pour l'audition en raison d'une intensité qui peut frôler les 130 décibels (l'intensité maximale tolérée dans les discothèques est de 105 décibels).
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Des jeunes habitants de Soweto en train de souffler dans leurs vuvuzelas, la veille du coup d'envoi du Mondial (AFP - Yasuyoshi Chiba)

Et alerte les spécialistes qui recommandent aux supporters de porter des bouchons d'oreille dans les stades sud-africains.

Selon eux, la trompette sud-africaine est "dangereuse", voire "catastrophique" pour l'audition en raison d'une intensité qui peut frôler les 130 décibels (l'intensité maximale tolérée dans les discothèques est de 105 décibels).

L'intensité est difficile à apprécier, mais on parle le plus souvent de l26 ou 127 décibels, voire de 130, qui correspond au stade de la douleur. Un bruit de 120 à 130 décibels correspond à celui de la sirène d'un véhicule de pompier ou d'un avion au décollage à 300 mètres.

Pour le Dr Pascal Foeillet, médecin ORL, "ça paraît énorme", d'autant que "plus on est loin plus l'intensité diminue". Et comme "c'est le souffle de la personne qui fournit l'énergie", pas sûr qu'on atteigne à chaque fois 130 décibels. Mais l'effet dépend aussi du nombre d'instruments, avec une progression logarythmique. Si un vuvuzela à 2 mètres produit un bruit de 126 décibels, "dix vuvuzelas produiront un bruit de 10 décibels de plus, et 100 vuvuzelas de 20 décibels de plus", rappelle le Pr Christian Gelis, biophysicien.

Pour la phoniatre Mireille Tardy, 126 décibels c'est "à peu près la même chose qu'un groupe de supporters qui hurlent leur joie": c'est "catastrophique" pour l'oreille.

"Etre exposé à ce type de puissance acoustique fait risquer un traumatisme sonore aigu instantané" avec "destruction" d'une partie des cellules sensorielles, qui peut entraîner des acouphènes, voire des "surdités post-traumatiques définitives", précise le Pr Gelis. Cela arrive dans des concerts, "en deux heures", dit-il. Voire moins, pour le Dr Foeillet: "Il suffit de quelques minutes pour causer des traumatismes".

L'oreille interne comprend seulement 15.000 cellules sensorielles ou cellules ciliées, qui ne se renouvellent pas.

Alors, que faire ?
Mettre des bouchons d'oreille, qui réduisent l'intensité reçue d'environ 20 décibels. Si l'on part aujourd'hui de 126 décibels, le bruit entendu n'est plus que de 106 décibels.

"Ca ne fait pas du bien et ça reste dangereux, mais on évite le traumatisme sonore aigu", dit le Pr Gelis. "Ca ne fera plus une rupture cellulaire mais un traumatisme cellulaire", note le Dr Tardy, tandis que pour le Dr Foeillet, "ça atténue beaucoup les risques, à condition de ne pas être exposé tous les jours pendant trois semaines".

Les spécialistes de l'audition suggérent en général de ne pas dépasser 4h par semaine à 100 décibels ou deux heures par semaine à 103 décibels.

Et ceux qui après un match entendent moins bien ou souffrent d'acouphènes, le Dr Tardy recommande de voir rapidement un médecin. "Pour récupérer, il faut qu'ils soient traités tout de suite", indique-t-elle.

Même s'ils ne risquent rien, le bruit est insupportable aussi pour les télespectateurs. Ainsi, TF1 a reçu "des centaines" de courriels sur le sujet, et à France Télévisions l'émission Stade 2 de dimanche a reçu 4.000 appels dont "90% pour se plaindre", selon Daniel Bilalian, le directeur des sports du groupe public. Les commentateurs ont été dotés de micros directionnels, utilisés habituellement en Formule 1 et qui captent moins l'ambiance.

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