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Vidéo Quand l'explosion des prix pousse l'hôpital à arrêter les chimiothérapies

Publié
Durée de la vidéo : 3 min
L'Oeil du 20h : 08/12/2020
L'Oeil du 20h : 08/12/2020 L'Oeil du 20h : 08/12/2020
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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A l’Hôpital du Creusot (Saône-et-Loire), le cancer est devenu trop cher. Le service d’oncologie n’a plus les moyens de payer le traitement des malades et a fermé ses portes. En cause notamment, un désaccord commercial entre deux hôpitaux, au détriment des patients.

Avec plus de 1700 traitements de chimiothérapie délivrés l’année dernière, le service oncologie du Creusot proposait un suivi utile et de proximité. Il a pourtant fermé en septembre dernier.

Pour Ghislaine Courrège, cette fermeture est une catastrophe. Son mari a lutté pendant 2 ans contre un cancer généralisé et est décédé la semaine dernière des suites de sa maladie. Deux mois durant, Philippe Courrège a enchaîné les examens et les chimiothérapies à 25 kilomètres de chez lui. Des allers-retours fatigants d'après son épouse, alors qu'il était traité à 200 mètres de chez lui il y a quelques mois encore.

"Nous les patients et les épouses de patients concernés par la maladie, on fait quoi ?"

Ghislaine Courrège a donc choisi de se battre pour demander la réouverture du service d'oncologie. Elle a monté une pétition en ligne et a récolté plus de 1000 signatures. "On ferme, allons-y ! On ferme ! Mais nous les patients et les épouses de patients concernés par la maladie, on fait quoi ? On fait quoi ?" s'indigne-t-elle.

La direction de l’hôpital du Creusot a refusé nos demandes d’interview. Elle renvoie la responsabilité de la fermeture à l’hôpital voisin d’où venaient les chimiothérapies, jusqu'à ce que ce dernier augmente ses tarifs de près de 80%. Une hausse insoutenable pour SOS Santé, le groupe gestionnaire de l'Hôpital du Creusot : "Je ne rentrerai pas dans ce chantage financier sur de la cancérologie, proteste son directeur général Mickaël Munier. Les ressources de l'hôpital du Creusot et donc de l'Assurance Maladie n'ont pas à servir à l'amélioration des marges du groupe Ramsay."

Un désaccord commercial et administratif

Le groupe Ramsay Santé est le numéro 1 de l’hospitalisation privée en France. Il gère plus d'une centaine d'hôpitaux, dont celui de Chalon-sur-Saône qui fournissait les chimiothérapies à l'Hôpital du Creusot. Son directeur reconnaît avoir fait grimper les prix mais assure que cette inflation n'est pas le coeur du problème. D'après lui, son hôpital a souhaité mettre un terme au partenariat car l'Hôpital du Creusot enfreignait l'une des recommandations de l'Institut National du Cancer selon laquelle les malades doivent d'abord consulter au sein de l'établissement qui produit les chimiothérapies. "Dans les faits, il faudrait que les patients de chez eux passent une première fois chez nous, vus par un médecin de chez nous, explique-t-il. Ce sont des règles médico-administratives qui doivent être respectées, point barre."

D’après nos informations, depuis deux ans, le nombre de chimiothérapies était en baisse à l'hôpital de Chalon-sur-Saône. A l'inverse, sur la même période au Creusot, il augmentait régulièrement. Le groupe Ramsay affirme toutefois que ces évolutions n’ont rien à voir avec leur décision de rompre le partenariat.

De leur côté, les médecins du Creusot restent abasourdis face aux conséquences de ce désaccord commercial et administratif. "Vous vous investissez pendant 2 ans sur un service, tout le monde est content, tout marche bien et voilà, il faut arrêter... soupire le Docteur André Vanoli, oncologue au Creusot. Nous on ne comprend rien, ça se passe au-dessus de nos têtes."

L’Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté déplore cette rupture de coopération et invite les hôpitaux à "renouer avec une dynamique de partenariat entre établissements". D’ici là, les patients du Creusot continuent à parcourir des kilomètres pour recevoir leur traitement.

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