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Le nombre de cancers a doublé dans l'Hexagone depuis 1990, révèle une étude de Santé publique France

Depuis le début de l'année, le nombre de nouveaux cas de cancers est estimé à plus de 433 000, selon l'agence nationale de santé publique. Cette maladie demeure par ailleurs la première cause de mortalité dans le territoire hexagonal.
Article rédigé par Florence Morel
France Télévisions
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Des documents d'information concernant le dépistage du cancer du sein, à Clonas (Isère), le 17 avril 2023. (ROMAIN DOUCELIN / HANS LUCAS / AFP)

Cancer du sein, de la prostate, du poumon ou du côlon... Entre 1990 et 2023, le nombre de cancers a doublé dans l'Hexagone, selon une étude de Santé publique France (SPF) publiée mardi 4 juillet. Depuis le début de l'année, le nombre de nouveaux cas de cette maladie est estimé à plus de 433 000 en France. Les cancers, qui concernent majoritairement les hommes (57% des cas), restaient en 2018 la première cause de mortalité en France (157 400 décès), selon SPF.

Cette étude se concentre sur 19 cancers "les plus fréquents (15 chez l'homme et 18 chez la femme)". "Seules les tumeurs invasives sont étudiées, les cancers de la peau autres que les mélanomes sont exclus", précise SPF. Publiée tous les cinq ans, cette étude a été réalisée en partenariat avec l'Institut national du cancer (Inca), le réseau français des registres de cancers (Francim) et les Hospices civiles de Lyon. La dernière étude date de 2018 et se basait sur des données allant jusqu'à l'année 2015.

Une population plus nombreuse et plus âgée

Celle publiée mardi, qui "s'inscrit dans un contexte particulier, du fait de la pandémie de Covid-19 à partir de 2020", intègre les données allant de 2016 à 2018, "un délai de deux à trois années étant nécessaire pour assurer un recueil exhaustif et consolider les données", détaille Santé publique France. "Les estimations de 2019 à 2023 sont donc des projections calculées à partir des données recueillies jusqu'en 2018". Les conséquences éventuelles de la pandémie n'ont pas encore été évaluées.

Ce doublement des nouveaux cas de cancers, constaté en un peu de plus de trois décennies, s'explique d'abord par des facteurs démographiques (accroissement et vieillissement de la population), mais aussi par "une augmentation du risque de cancer", explique l'étude. Ce risque de développer un cancer est notamment influencé par "les modifications des comportements des populations", comme la consommation de tabac et d'alcool, ainsi que l'alimentation et la sédentarité. L'amélioration du dépistage et des techniques de diagnostic, via l'imagerie médicale et les biopsies, font aussi que davantage de cancers sont détectés.

Une attention particulière pour le cancer du poumon

Il existe des disparités entre hommes et femmes face à cette augmentation des cancers. Depuis 1990, la hausse a été de 104% chez les femmes, contre 98% chez les hommes, précise SPF. "Chez l'homme, il s'agit d'une évolution en deux temps, avec une augmentation jusqu'à 2006, puis une diminution et une stagnation, alors que l'augmentation est continue chez la femme", précise Tania d'Almeida, médecin au sein du Francim et co-autrice de l'étude. Le "facteur majeur" expliquant cette explosion des cas de cancers chez les femmes "est la consommation de tabac, qui a augmenté à partir de certaines générations de femmes après celle des hommes, précise Florence Molinié, présidente du Francim. Les effets apparaissent maintenant avec un décalage dans le temps."

Les cancers les plus fréquents chez l'homme sont ceux de la prostate (avec 59 885 nouveaux cas en 2023), du poumon (33 438), du colon et du rectum (26 212). Chez les femmes, les cancers les plus recensés sont ceux du sein (61 214), puis du côlon et du rectum (21 370) et celui du poumon (19 339). Mais, bien que le nombre de cancers augmente plus vite chez les femmes, les hommes demeurent plus atteints par cette pathologie. Ils sont aussi un peu plus âgés lorsqu'un cancer leur est diagnostiqué. L'âge médian auquel le diagnostic est fait est de 70 ans chez les hommes et de 68 ans pour les femmes.

Chez les hommes, les cancers de l'œsophage, du poumon et du côlon-rectum et touchant à la partie lèvre-bouche-pharynx sont en baisse chez les hommes. A l'inverse, chez les femmes, le nombre de ces cancers a augmenté chez les femmes, tout comme celui du foie, alors qu'il s'est stabilisé chez les hommes depuis 2010. L'augmentation du nombre de cancers du poumon "mérite un point d'attention", pointe Norbert Ifrah, le président de l'Institut national du cancer, qui a participé à cette étude. "Chez la femme", son "taux de mortalité va dépasser celui du cancer du sein" dans "les trois prochaines années". Aujourd'hui, le nombre de cas "croît de 4,3% par an", souligne Tania d'Almeida.

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