L'Agence de sécurité sanitaire demande l'arrêt des cabines de bronzage en raison d'un risque de cancer "avéré"
"En France, il a été estimé que 43% des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attribués à une utilisation de ces cabines avant l'âge de 30 ans", souligne l'agence.
Les jours des centres de bronzage sont peut-être comptés. L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) demande "aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels" devant le risque de cancer "avéré", dans un avis publié mercredi 10 octobre.
"On recommande l'arrêt de l'activité liée au bronzage artificiel, et aussi l'arrêt de la vente d'appareils délivrant des UV à visée esthétique, notamment aux particuliers", a expliqué Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques aux agents physiques à l'Anses, qui a suivi l'expertise.
Que reproche-t-on aux cabines ?
La lumière naturelle contient trois types de rayonnements ultraviolets : UVA, UVB et UVC. En France, les cabines de bronzage émettent principalement des UVA, l’éclairement des UVB étant limité par la réglementation. L'Anses relève "qu'aucune valeur limite d'irradiance ou de dose ne peut être fixée pour protéger les utilisateurs".
Les cabines de bronzage sont des lieux d’exposition à des sources intenses d’UV qui sont beaucoup plus riches en UVA que la lumière naturelle. L’exposition à ces UV provoque des lésions sur l’ADN pour des doses inférieures à celles déclenchant le coup de soleil. L’utilisateur peut ressentir, à tort, un sentiment de sécurité dû à l’absence de coup de soleil.
Quels sont les risques ?
Les risques de cancer sont avérés depuis plusieurs années. "Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l'âge de 35 ans augmentent de 59% le risque de développer un mélanome cutané", alerte l'Anses. Beaucoup plus rare que le carcinome, le mélanome est le cancer de la peau le plus grave du fait de sa capacité à se propager rapidement à d'autres parties du corps.
En France, il a été estimé que 43% des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attribués à une utilisation de ces cabines avant l'âge de 30 ans, ajoute le rapport. Les mélanomes cutanés représentent l’une des premières causes de mortalité chez les moins de 35 ans dans l'Hexagone.
Les UV artificiels provoquent d'autres effets indésirables, comme un vieillissement de la peau, dont les experts estiment qu'il pourrait être quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu'avec le soleil.
Est-ce une découverte ?
Non, et il faut agir vite, selon l'agence de sécurité sanitaire. Dans un précédent avis en 2014, l'Anses recommandait "la cessation à terme de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels" et jugeait que la dernière réglementation en date (2013) "constituait une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanés pour les utilisateurs".
"On ne peut plus attendre, souligne Olivier Merckel. Les données scientifiques s'accumulent, il n'y a plus de doute, on a des preuves solides, le risque de cancer est avéré, on a des données chiffrées sur les risques pour les jeunes, pour toute la population, maintenant on recommande une action des pouvoirs publics."
L'interdiction des cabines de bronzage est demandée depuis 2015 par les dermatologues, l'Académie de médecine et même les sénateurs, mais sans être suivie à ce jour par le gouvernement, qui s'est contenté de durcir leur réglementation. Le Centre international de recherche sur le cancer a déclaré "cancérogènes certains" l’ensemble du spectre UV (UVA, UVB, UVC) ainsi que les appareils de bronzage depuis 2009.
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