Cancer du sein : le dépistage généralisé mis en cause
Si vous êtes une femme âgée de 50 à 74 ans, vous le savez : tous les deux ans, vous êtes invitées à réaliser une mammographie et à vous faire examiner les seins pour détecter un éventuel cancer. Un dépistage généralisé depuis 2004 pour lutter contre cette maladie qui touche une femme sur huit en France. Grâce aux nombreuses campagnes de prévention, 54.000 nouveaux cas sont détectés chaque année. Mais le dépistage généralisé n'est pas du goût de tout le monde. Un collectif de médecins indépendants, appelé Cancer Rose, dénonce notamment des traitements inutiles.
Dans une vidéo visionnée par plus de 25.000 personnes, un collectif de médecins indépendants critique notamment le sur-diagnostic, qui pourrait représenter jusqu'à 50% des cas dépistés selon certains épidémiologistes.
"Le surdiagnostic est l’effet pervers le plus important du dépistage. Il s’agit de découvrir des cancers qui, s’ils n’avaient pas été détectés par le dépistage, n’auraient jamais mis en danger la santé, ni la vie de la femme. Quand on regarde les statistiques, le nombre de radiothérapies a explosé", explique Cécile Bour, radiologue, et membre du collectif Cancer Rose.
Radiothérapies, chimiothérapies ou encore ablation du sein… certains traitement seraient même excessifs, voire inutiles, d’après le collectif. Ce dernier dénonce aussi l’inefficacité du dispositif de dépistage généralisé. Pour Cécile Bour, "le problème c’est que les deux objectifs qu’on attendait de ce dépistage ne sont pas atteints : la mortalité par cancer du sein ne décroit pas et le taux des cancers graves ne diminue pas non plus." Un constat appuyé par de nombreuses études épidémiologiques.
Depuis 2008 le taux de participation des femmes concernées n’a pas augmenté : il reste autour d’une femme sur deux. Ce qui inquiète le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français :
"Certaines patientes ne font pas de dépistage. Elles viennent nous voir avec des tumeurs plus grosses qu’autrefois parce qu’il y a eu de polémiques sur les surdiagnostis, les surtraitements… Du coup elles consultent plus tardivement. Et les cancers sont plus avancés. Et bien sûr, si on vient tardivement avec des grosses tumeurs, le risque est que le chirurgien soit obligé d’enlever le sein, d’enlever beaucoup de ganglions, de faire de la chimiothérapie etc.", s’alarme Carole Mathelin, gynécologue obstétricienne.
Le dépistage permet un diagnostic précoce et donnerait de meilleures chances de guérison. Des arguments défendus aujourd’hui par la majorité des spécialistes et par les autorités de santé qui ont décidé de maintenir le dispositif en janvier 2017.
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