Bonnemaison : son pronostic vital n'est plus engagé
M. Bonnemaison, hospitalisé à l'hôpital Haut-Lévêque de Pessac dépendant du CHU de Bordeaux, "a ouvert les yeux et répond à des ordres simples", a-t-on précisé de source médicale et dans son entourage.
Malgré ces signes "encourageants", l'ex-urgentiste de 54 ans restait dimanche après-midi dans un état préoccupant et il était "trop tôt pour se prononcer sur d'éventuelles séquelles", neurologiques notamment, a-t-on souligné de mêmes sources.
Samedi, M. Bonnemaison avait été retrouvé inanimé dans son véhicule, sur la commune de Tosse (Landes), près de Dax, sur un chemin de terre en lisière de forêt, apparemment après avoir absorbé des médicaments et tenté de s'asphyxier par des gaz d'échappement détournés vers l'habitacle, selon le parquet de Dax.
A ses côtés dans la voiture, un texte avait été retrouvé, expliquant les raisons de son geste, dans lequel "il se disait en substance éprouvé et fatigué de la vie", notamment après les épreuves judiciaires qu'il a endurées ces quatre dernières années, a précisé une source judiciaire.
L'alerte avait été donnée par des joggeuses, intriguées par le moteur en marche de ce véhicule à l'arrêt.
L'ancien médecin, dont le pronostic vital était engagé lors de sa prise en charge par les secours, avait alors été transporté par hélicoptère vers l'hôpital Haut-Lévêque, où son état de santé était encore jugé "très grave" samedi en fin d'après-midi.
Le 24 octobre, Nicolas Bonnemaison a été condamné en appel à deux ans de prison avec sursis par la cour d'assises d'Angers pour avoir délibérément donné la mort à une patiente de 86 ans en avril 2011, plongée dans le coma après un accident vasculaire cérébral.
Un procès éprouvant et une interdiction d'exercer depuis quatre ans
À l'issue d'un procès très médiatisé et étroitement imbriqué avec les problématiques de fin de vie, l'ex-urgentiste a en revanche été acquitté pour six autres décès de patients, eux aussi incurables et en fin de vie.
Seize mois plus tôt, Nicolas Bonnemaison avait été acquitté en première instance pour la totalité de ces mêmes faits par la cour d'assises de Pau. Mais le parquet général avait fait appel du verdict.
Lors de ces deux procès, l'ex-médecin avait assumé et soutenu avoir procédé à des injections dans le seul but de "soulager, pas (de) tuer" des agonisants, même s'il savait que les produits administrés auraient pour effet d'accélérer la mort.
À Angers, M. Bonnemaison était apparu éprouvé, quoique combatif, durant les deux semaines du procès, au cours duquel plusieurs experts psychiatres avaient souligné l'absence de "dimension pathologique" dans sa personnalité.
Après le verdict, ses avocats l'avaient décrit comme "soulagé, parce que pour lui c'est la fin de ce calvaire judiciaire" et, selon un membre de son entourage qui s'était entretenu longuement avec lui, l'ancien urgentiste semblait en bon état psychologique ces derniers jours.
Toutefois, selon un proche, il avait des soucis financiers, entre les frais de justice et la condamnation d'Angers, au civil, à verser 30.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la patiente décédée. Il s'est d'ailleurs pourvu en cassation contre cet arrêt civil, mais pas contre l'arrêt pénal le condamnant à la prison avec sursis.
Dans un texte reçu par l'AFP, un collectif de soignants du centre hospitalier de Bayonne, où M. Bonnemaison exerçait, a déploré qu'il ait été "jeté en pâture à la vindicte publique" et notamment "victime d'une organisation hospitalière défaillante, d'une loi hypocrite" sur la fin de vie et d'un "acharnement" judiciaire.
M. Bonnemaison a aussi été très marqué par sa suspension, puis radiation du Conseil de l'Ordre des médecins. Il n'a pas pu exercer depuis quatre ans et a exprimé à Angers à quel point "les malades (lui) manquent".
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