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Grève des laboratoires : les biologistes sont "d'accord sur le montant" de 250 millions d'euros à reverser au gouvernement "mais pas sur la manière"

95% des laboratoires de biologie seront fermés lundi pour protester contre le projet de loi qui prévoit 250 millions d'euros d'économies dans le secteur. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Grève dans les laboratoire, à Sainte-Maxime, le 9 novembre 2022. (PHILIPE ARNASSAN / MAXPPP)

"Nous faisons grève contre la contribution de 250 millions d'euros que le gouvernement souhaite récupérer. Sur le montant nous sommes d'accord mais pas sur la manière", explique dimanche 13 novembre sur franceinfo François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes alors que les laboratoires de biologie sont en grève à partir de lundi contre le budget de la sécurité sociale (le PLFSS). 95% des laboratoires ont prévu de faire grève à l'appel des syndicats du secteur. "Le gouvernement veut baisser les actes courants alors que nous considérons qu'à situation exceptionnelle de Covid-19, nous devons rendre sur le Covid-19 et non pas sur les actes que nous prescrivent les médecins tous les jours", proteste le président du syndicat.

Les biologistes libéraux engagés dans un bras de fer avec le gouvernement autour d'un "coup de rabot" de 250 millions d'euros qui leur est demandé dans le projet de budget 2023 de la sécurité sociale, ont salué vendredi un vote du Sénat qui "rouvre la voie à une solution négociée".

franceinfo : Quels sont les motifs de cette grève ?

François Blanchecotte : Nous faisons grève contre la contribution de 250 millions d'euros que le gouvernement souhaite récupérer. Sur le montant nous sommes d'accord mais pas sur la manière. Le gouvernement veut baisser les actes courants alors que nous considèrons qu'à situation exceptionnelle de Covid-19, nous devons rendre sur le Covid-19 et non pas sur les actes que nous prescrivent les médecins tous les jours. Donc à partir de lundi, les patients qui se présenteront dans les laboratoires trouveront les portes fermées. Nous ne prendrons en charge aucun patient. En cas d'urgence : une ordonnance du jour avec un caractère urgent, nous pourrons nous en charger mais tout le reste nous les redirigerons vers les hôpitaux et le service public.

Concrètement, vous êtes d'accord pour reverser de l'argent à la sécurité sociale mais vous avez l'impression que le gouvernement va se servir au niveau du prix de vos actes ?

Tout à fait. Tous les laboratoires - c'est pour cela que nous sommes dans un mouvement unitaire - seront tous impactés par cette baisse qui va évidemment définir complètement nos actes. Cela va avoir des conséquences sur les laboratoires qui sont dans des zones dites de désert médical et dans lesquelles aujourd'hui nous n'avons pas ou peu de prescripteurs. On voit qu'il y a parfois des pharmacies qui ferment et bien demain ce sera des laboratoires de proximité alors que nous avons un maillage territorial qui permet vraiment de prendre en charge tous les patients, tous les jours.

On peut dire que vous engagez un bras de fer avec le gouvernement ?

Absolument. Le mouvement est très dur. Nous allons parler à chaque patient pour lui expliquer la manière dont nous faisons grève et pourquoi nous le faisons. Nous avons rencontré tous les conseillers santé de Matignon, de l'Élysée. Il n'y a pas de réunion prévue aujourd'hui, ni de négociations. On attend également le résultat du PLFSS. Il faut noter que nous sommes soutenus par l'ensemble des syndicats de santé en France. Je pense qu'aujourd'hui on touche vraiment à l'activité professionnelle. Nous avons fait des économies pendant plus de 10 ans, plus de 5 milliards d'économie. Nous sommes une profession très contrainte et nous redonnons chaque année parfois plusieurs centaines de millions d'euros. C'est donc très important aujourd'hui, quand cela touche durablement notre activité.

On peut se diriger vers une grève illimitée ?

Tout à fait. Pour l'instant c'est parti pour trois jours mais ce sera reconductible en fonction des avancées que nous avons ou des négociations. Nous sommes ouverts au dialogue pour trouver un compromis. Nous sommes ouverts aussi à redonner ces 250 millions d'euros. Les cartes sont donc entre les mains du gouvernement. 

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