Bientôt un génome humain artificiel ?
Le projet, baptisé "Human Genome Project–Write" (ou "HGP-write"), a fait l'objet d'une description détaillée dans la revue Science, cosignée par 25 auteurs. Parmi eux, George Church, professeur de génétique à la faculté de médecine de Harvard et Jef Boeke, du Centre médical Langone de l'Université de New York, estiment que "cette initiative devrait résulter en de nombreuses avancées scientifiques et médicales" en permettant de pouvoir fabriquer de grandes parties d'ADN à un coût réduit.
"Les applications potentielles des résultats de HGP-write sont notamment la possibilité de créer des organes humains pour des transplantations et de produire des lignées de cellules résistantes à tous les virus et cancers", extrapolent ces chercheurs. Selon eux, "il sera également possible de fortement accélérer la production de vaccins et de développer des médicaments en utilisant des cellules humaines et des organes synthétiques".
"L’idée est une idée de chimiste, au départ, contrairement à ce que l'on peut imaginer, et non une idée de biologiste. Il s'agit de synthétiser in vitro, par les mécanismes de la chimie, les gènes successifs qui constituent le génome d'un individu, ou d'une espèce", a expliqué ce 6 juin sur France 5 Pierre Tambourin, directeur général du Genopole. "Sur le plan médical, il y a plusieurs intérêts. [On ignore la fonction de 97%] de notre génome. Être capable de regarder finement à quoi servent ces 97% c'est, à coup sûr, prédire certaines pathologies, ou les empêcher. C'est comprendre comment fonctionne finement notre génome, ce qu'on ne sait pas du tout aujourd'hui, ça reste un mystère. […] On pourrait aussi imaginer modifier le génome du porc pour faire des organes utilisables pour l'homme…"
Un projet déjà controversé
Le projet HGP-write, qui sera piloté par une organisation à but non-lucratif baptisée "Center of Excellence for Engineering Biology", cherchera à lever 100 millions de dollars cette année auprès de différentes entités publiques et privées, selon un communiqué. Mais ses promoteurs n'ont pas donné d'estimation de son coût ultime qui pourrait, selon divers commentateurs, dépasser le milliard de dollars.
Ce projet a déjà déclenché des critiques de plusieurs scientifiques quant à sa dimension éthique, puisqu’elle ouvrirait une porte sur l'eugénisme, ainsi que sur la possible création d'enfants sans parents biologiques.
En réponse aux inquiétudes que pourrait soulever leur plan, les promoteurs de HGP-write ont manifesté leur volonté d'impliquer le public citant les implications éthiques, légales et sociales de cette entreprise.
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