Cet article date de plus de huit ans.

Récupérer plus vite après une opération

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Si vous avez déjà été opéré pour une intervention digestive, vous avez certainement dû répondre à une question un peu gênante sur… vos gaz. Sans ce signe de réveil intestinal, interdiction de manger ! Mais ce rituel post-opératoire est en voie de disparition, tout comme d'autres pratiques qui obligeaient le patient à rester hospitalisé plusieurs jours. Une nouveau protocole permet au malade de récupérer plus vite. Reportage à l’Institut Mutualiste Montsouris, à Paris. 

Il est 7h30, Alain va être opéré dans quelques minutes. Pour aller au bloc opératoire, il a quitté sa chambre tranquillement, à pied, sans brancard. Il attend assis sur un fauteuil et apprécie : "C'est moins protocolaire. D'habitude, on est sur un lit, on est accompagné, vous attendez… Là, ça change."

C'est le chirurgien lui-même qui vient chercher Alain. Cela fait partie de tout un protocole conçu pour réduire au maximum l'impact d'une opération. Alain n'a pas reçu de médicament anxiolytique. Le Dr Christine Denet, chirurgien, explique : "rester debout, c’est important. Il est au même niveau que les soignants. Il est habillé presque comme nous. Donc, il n'y a pas de différence, il n’est pas allongé. Il n’est pas passif."

Une anesthésie ajustée

Pour réduire au maximum l'impact de l'opération, l'anesthésie est très ajustée, avec des produits dont la durée d’action et la quantité sont étroitement contrôlées. Selon l'anesthésiste, le Dr Anne-Elisabeth Bossard, ce qui est "important, c’est de ne pas faire trop d'anesthésie. Si on met trop de produit pour endormir les patients, il y a une accumulation dans le corps et le patient met plus de temps pour se réveiller."

Cela reste bien sûr une anesthésie générale profonde pour une chirurgie digestive lourde. Mais grâce à la cœlioscopie qui évite les grandes cicatrices, toutes les suites opératoires ont pu être repensées. Pour le Dr Christine Denet, "la cœlioscopie a aussi permis de lever des tabous, des habitudes où on n'osait pas nourrir les gens. On avait peur qu'ils vomissent, qu’ils fassent une occlusion, que la suture ne tienne pas… On s'est rendu compte que c’était possible, que le patient supportait très bien. Et non seulement c’était possible, mais cela permettait un meilleur confort du patient."

Faire marcher le patient quelques heures après l'opération

La preuve, à peine quatre heures après la sortie du bloc, Alain est debout. Il effectue ses premiers pas sous le contrôle de l’anesthésiste et presque sur ordonnance. Car le seul fait de se lever est bénéfique à plus d’un titre. Pour le Dr Anne-Elisabeth Bossard, "reprendre une activité physique et musculaire permet de diminuer les complications et notamment les phlébites. On s’est aperçu dans les études qui ont été faites sur la réhabilitation que les gens étaient moins fatigués, que la qualité de sommeil était meilleure. Et tout ça assez rapidement après les interventions."

Cette récupération accélérée est facilitée par la collation dès le premier soir. Les chirurgiens ne demandent plus d’attendre que le transit intestinal se réveille de lui-même, au contraire. Alain apprécie : "après 3 heures d’intervention, une anesthésie assez lourde, je ne pensais pas pouvoir faire avec une certaine aisance ce que je viens de faire. En évitant des mouvements trop brusques, en y allant en douceur, je suis la preuve qu’on peut y arriver."

Alain devrait quitter l’hôpital au bout de quatre jours, contre une semaine auparavant. Il sortira en meilleure forme. Pour le confirmer, il devra remplir chez lui un carnet de bord précis sur sa douleur et sa qualité de vie afin de compléter les consultations de suivi post-opératoire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.