Nitrites dans la charcuterie : "Il faut que le consommateur mange de la bonne cochonnaille et pas de la cochonnerie", estime le député Richard Ramos
Le député MoDem du Loiret est membre d'une mission d'enquête parlementaire qui travaille sur la question des nitrites et des nitrates dans la viande depuis 2019.
L'Anses a rendu son avis sur les nitrates et nitrites utilisés respectivement dans l'eau et sur les feuilles de salade et dans la viande transformée pour augmenter leur durée de conservation. L'agence sanitaire estime que ces substances favorisent l'apparition de cancers colorectaux, entre autres. Les nitrites sont classés cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 2015. Le gouvernement a annoncé mardi 12 juillet un "plan d'action" à l'automne. Invité de franceinfo, Richard Ramos est député MoDem du Loiret, membre d'une mission d'enquête parlementaire qui travaille sur la question depuis 2019, et auteur d'une proposition de loi visant à interdire nitrates et nitrites.
franceinfo : Comment recevez-vous cet avis de l'Anses ?
Richard Ramos : C'est vraiment historique parce que pour une fois, on a un texte qui nous dit clairement : les nitrites dans la charcuterie, ça tue des Français ! On va donc pouvoir démarrer de ça, puisque jusqu'à présent personne ne voulait le reconnaître vraiment. Maintenant, il faut protéger les plus pauvres parce qu'encore une fois, c'est dans les populations les plus pauvres qu'on va acheter du jambon avec nitrites et avec un risque de mourir alors qu'il existe du sans nitrites. L'Anses le dit également : le sans nitrites, il y a des millions de tranches qui sont vendues, et il n'y a pas de retour de botulisme et de salmonellose. C'est mieux que trois rats dans un laboratoire. Mais pour ça qu'il faut avoir des usines propres et avoir des cochons qui ne sont pas souillés. Et donc moi je dis : c'est un danger pour la France, c'est un danger pour le consommateur, alors faisons en sorte que ceux qui ont des usines qui sont sales et ceux qui achètent des cochons souillés on les exclut du marché pour faire un jambon sans nitrites et qui protège les Français.
Comment fait-on pour remplacer ces composants et donc éviter les maladies ?
Alors ça existe puisque dans les rayons, vous avez plein de sans nitrites. C'est possible. On passe de 21 jours de DLC (durée limite de consommation) à 14 jours. C'est aussi au consommateur de dire que 14 jours, ça lui suffit pour acheter un produit qui ne tue pas et va être beaucoup plus sain. C'est ça la réalité. Et je le répète, toutes ces grandes balivernes où on nous explique que l'arrêt des nitrites signifierait le retour des maladies, c'est faux puisque aujourd'hui il y a des millions de tranches qui se mangent sans nitrites, avec zéro retour de botulisme ou salmonellose.
Les consommateurs aussi ont un rôle dans tout ça parce que l'agence sanitaire conseille de limiter sa consommation de charcuterie à 150 grammes par semaine. Il faut que chacun aussi réduise sa consommation.
Oui, je parle de nitrites dans la charcuterie parce que c'est l'effet cocktail entre le sang de la viande et les nitrites qui fait que c'est cancérogène. En fait, le consommateur a déjà commencé à en manger moins. Mais c'est un peu moins vrai pour les plus pauvres : parce qu'autrefois les riches mangeaient de la viande et les pauvres mangeaient des légumes, aujourd'hui les riches mangent des légumes et les pauvres mangent de la viande, et des fois de la viande dangereuse. Donc oui, il faut que le consommateur mange moins de charcuterie, mais il faut qu'il mange de la bonne : de la bonne cochonnaille, mais pas de la cochonnerie !
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.