Cet article date de plus de six ans.

L’alimentation industrielle dans le collimateur des parlementaires

Un rapport parlementaire propose des pistes pour inciter le secteur agroalimentaire à utiliser moins de sel, moins de gras, moins de sucre et moins d'additifs dans ses produits et éduquer les enfants à manger sainement.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L’alimentation industrielle dans le collimateur des parlementaires

Ces derniers mois, une commission d'enquĂȘte parlementaire a conduit une quarantaine d'auditions d’industriels, distributeurs, groupes de restauration collective, membres de l'administration, associations de malades, ONG et ministres. Ces travaux, rendus publics ce 26 septembre, concluent à l'urgence d'un changement.

"Au vu de l'échec avéré depuis trente ans des mesures d'engagement volontaire" de la grande distribution et des industriels de l'agroalimentaire, les députés préconisent en effet de limiter, "par voie réglementaire", la teneur en sel, en sucres et en acides gras des aliments transformés, et de rendre les étiquettes plus transparentes.

Des pains moins salĂ©s, et moins d’additifs "de complaisance"

Ainsi le pain, une "production 100% française sur laquelle on peut agir" et qui fournit "30% des apports quotidiens en sel" détaille MichÚle Crouzet, députée (LREM) rapporteur de la commission, "ne devra pas excéder 18 grammes de sel par kilo de farine, et atteindre 16 grammes dans trois ans".

Le rapport préconise également de ramener à 48 le nombre des additifs utilisés dans les plats cuisinés notamment, contre 338 autorisés au total, d'ici à 2025, comme c'est déjà le cas dans l'alimentation bio. "Il va falloir qu'on détermine quels sont les additifs de complaisance, qui ne servent pas à grand-chose", a affirmé le rapporteur.

Éduquer au bien manger Ă  l'Ă©cole

Autre prĂ©conisation forte : renforcer "l'Ă©ducation Ă  l'alimentation", dĂšs l’ñge trois ans, en rendant cet enseignement obligatoire au plus tard dans l'annĂ©e scolaire 2019-2020, Ă  raison "d'une heure par semaine de la maternelle au collĂšge", a suggĂ©rĂ© devant la presse LoĂŻc Prudhomme, dĂ©putĂ© (LFI) qui a prĂ©sidĂ© la commission.

Le repas de midi dans les cantines scolaires devra faire partie du programme d'enseignement en faveur d'une "alimentation saine, équilibrée et durable et de la lutte contre le gaspillage alimentaire", indique le rapport.

Pour protéger les plus jeunes, il est par ailleurs "impératif d'interdire la publicité alimentaire qui s'adresse aux enfants sur tous les types d'écrans", selon le député.

"Quand on prend l'habitude de manger trop salĂ©, trop sucrĂ©, trop gras, des addictions se forment [...] il faut rĂ©apprendre Ă  manger", a de son cĂŽtĂ© dĂ©clarĂ© Mme Crouzet Ă  l’AFP.

Des coupons pour consommer plus de produits sains ?

En outre, les cuisiniers de la restauration collective devront ĂȘtre mieux formĂ©s afin d'"amĂ©liorer la qualitĂ© des repas servis en milieu hospitalier" et de "lutter contre la dĂ©nutrition des personnes ĂągĂ©es en Ehpad", dit le rapport.

Alors que les personnes aux moyens modestes sont les plus consommatrices d'aliments industriels qui les exposent aux maladies chroniques, des coupons pourraient ĂȘtre dĂ©livrĂ©s par les Caisses d'allocations familiales (Caf) pour leur permettre de consommer plus de fruits et lĂ©gumes frais.

Les modalités de la transposition de ces mesures dans une loi restent à préciser car "on touche à plein de points différents", a souligné Mme Crouzet.

Un véritable enjeu de santé publique

"En 2030, on estime qu'il y aura au moins 30 millions de personnes obÚses ou en surpoids en France : c'est un problÚme de santé publique", source de maladies chroniques tels que les troubles cardio-vasculaires, a déclaré à l'AFP MichÚle Crouzet. "Il n'est pas trop tard pour ne pas en arriver là et sauvegarder une alimentation saine et durable", juge-t-elle. 

"[Aujourd'hui, environ] 40.000 personnes dĂ©clarent [chaque annĂ©e] un cancer liĂ© Ă  leur mode d'alimentation" a dĂ©clarĂ© devant la presse LoĂŻc Prud'homme. Le chiffre, qui peut surprendre, n’est pas sorti du chapeau du parlementaire. En effet, selon des travaux britanniques publiĂ©s en 2011 [1], plus de 9 % des cancers sont bel et bien liĂ©s Ă  ce qui se trouve – ou ne se trouve pas – dans nos assiettes : 4,5 % pour l’insuffisance en fruits et en lĂ©gumes ; 2,7 % du fait de la consommation excessive en viandes rouges et en charcuterie ; 1,5 % du fait d’une insuffisance de fibres alimentaires, et 0,5 % en raison d’un excĂšs de sel


avec AFP


[1] Parkin DM et al. "The fraction of cancer attributable to lifestyle and environmental factors in the UK in 2010: Summary and conclusions." Br J Cancer, 2011. 105(2). pp.77-81. ‹

Commentaires

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour participer Ă  la conversation.