Images de vaches à hublot : "Ça paraît complètement aberrant de continuer à faire ce genre d'expérimentations"
"On ne s'attend plus du tout à voir ce genre de pratiques choquantes", dénonce Brigitte Gothière, de l'association L214.
"Ça paraît complètement aberrant de continuer à faire ce genre d'expérimentations", a déploré sur franceinfo jeudi 20 juin Brigitte Gothière, cofondatrice de L214, association de défense des animaux qui dévoile de nouvelles images de maltraitance animale.
Tournées dans le premier centre privé européen de recherche en nutrition animale, dans la Sarthe, on y voit des vaches à hublot et des poulets tellement gros qu'ils arrivent à peine à se tenir sur leurs pattes. Le centre appartient à l'entreprise Sanders, leader français de la nutrition animale et filiale du groupe Avril. "Ils poussent jusqu'au bout la physiologie de ces animaux", dénonce Brigitte Gothière, dont l'association va porter plainte.
franceinfo : À quoi servent ces vaches à hublot ?
Brigitte Gothière : Ces vaches, ces poulets, ces lapins et ces cochons sont des matériels de laboratoire pour élaborer l'alimentation future des animaux. Cette alimentation est destinée à les booster. On a déjà des animaux qui ont été sélectionnés génétiquement, dont on a optimisé l'alimentation, pour lesquels on a des conduites d'élevage intensives, de façon à avoir une rentabilité maximale. Cependant, on pousse la pratique encore plus loin, c'est-à-dire qu'on va chercher à faire grossir encore plus les poulets, à ce que les vaches produisent davantage de lait ou davantage de viande. Par ce hublot, on va donc déposer des sachets à l'intérieur des estomacs, dans la panse des vaches, de façon à voir comment la nourriture se dégrade, à quelle vitesse va la digestion, etc. C'est vraiment l'étude de la digestion avec un accès direct dans l'estomac.
Cette pratique s'appelle la "fistulation", une pratique qui existe depuis quasiment 200 ans. Est-elle seulement choquante ou carrément illégale ?
Les deux. Choquante parce que l'on ne s'attend plus du tout à voir ce genre de pratiques. On voyait cela dans les années 1970 et aujourd'hui ça paraît complètement aberrant de continuer à faire ce genre d'expérimentations. Illégal puisque les expérimentations sur les animaux sont interdites, sauf s'il y a une stricte nécessité. Ici, on est en train d'essayer d'optimiser les animaux, d'essayer de les faire produire plus. On n'est absolument pas dans un cas de danger de mort.
Le groupe affirme qu'il n'y a que six vaches concernées dans ce centre, que c'est indolore pour l'animal et que les recherches menées avec ce procédé ont permis par exemple de réduire les doses d'antibiotiques ou encore les émissions de nitrates...
Et alors ? S'il n'y a que six vaches, est-ce que ça excuse ? Il faudrait aussi prouver que c'est indolore. Dans les textes que nous avons, on sait qu'au moment de la pose du hublot c'est à peu près comme une césarienne. Il y a surtout les conditions dans lesquelles sont détenues ces vaches : des bâtiments complètement mornes, au sol bétonné, elles sont à même leurs excréments, elles sont sales sur les flancs, les poulets arrivent à peine à se tenir debout tellement ils sont gros... En fait, ils poussent jusqu'au bout la physiologie de ces animaux, jusqu'où on peut aller pour les faire grossir. Ça rappelle un peu les expériences qu'on fait sur le foie gras.
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