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Viol conjugal : un procès lève le tabou

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Depuis ce lundi 14 novembre, un homme de 43 ans est jugé devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine pour des viols qu'il aurait commis sur trois de ses anciennes compagnes. Il comparaît libre, sous contrôle judiciaire. Le viol conjugal est encore souvent un sujet tabou, mais Christelle, Vanessa et Nadège toutes trois parties civiles, sont venues à l'audience. L'une d'entre elles a accepté de se confier.

Vanessa a été victime du premier viol conjugal seulement deux mois après le début de sa relation avec son ex-compagnon. Une agression sexuelle qu'elle lui pardonne par amour sans se douter qu'il recommencerait et qu'il l'isolerait petit à petit. "Il m'a très rapidement extrait de mon milieu amical. Il critiquait toutes mes amies, tout mon entourage. Ensuite, il s'en est pris à ma famille et il a réussi à me faire quitter mon travail", confie Vanessa.

Le viol conjugal rarement dénoncé

Rapidement, Vanessa se retrouve isolée et subit des viols à répétition avant d'essuyer des coups. Elle décide alors de porter plainte contre son compagnon qui sera condamné à six mois d'incarcération. Entre temps, Vanessa apprend qu'elle est enceinte. Une fois son compagnon sorti de prison, ils reprennent une vie commune, mais très vite, une nouvelle agression sexuelle a lieu. Une altercation éclate et le couple se sépare.

Cet homme aurait fait subir ces violences sexuelles à six autres de ses ex-compagnes, dont deux qui comme Vanessa se sont constituées parties civiles dans ce procès aux assises. Un procès peu commun pour maître Tomasini car le viol conjugal est rarement dénoncé : "Le viol conjugal se cache derrière le bouclier du sacro-saint devoir conjugal. Ce devoir conjugal n'existe plus depuis les années 90. Dans les textes de loi, il est bien expliqué qu'un rapport au sein du couple doit être consenti. Et de surcroît, le consentement à l'acte sexuel n'est plus présumé. C'est-à-dire que l'auteur doit s'assurer du consentement de la partenaire avec qui il a des rapports".

Jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle

Aujourd'hui, les trois victimes réclament une indemnisation pour les troubles psychologiques dont elles souffrent encore. Toutes sont en effet dans un état de stress post-traumatique très fréquent chez les victimes de viol. Se reconstruire prend donc du temps et pour le Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, il est essentiel pour ces femmes de porter plainte pour que la société les reconnaisse en tant que victimes. Une façon de sortir de la culpabilité et ainsi de se reconstruire.

Vanessa et les deux autres parties civiles devraient connaître le sort de leur ex-compagnon dans la journée de jeudi. Il encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.

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