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Amiante : vers un non-lieu dans une vingtaine de dossiers emblématiques

Le parquet de Paris a requis la fin des investigations dans plusieurs enquêtes emblématiques ouvertes dans le scandale de l'amiante, considérant qu'il est impossible de déterminer avec certitude la date à laquelle les victimes ont été intoxiquées. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des victimes de l'amiante défilent à Paris, le 9 octobre 2015.  (MAXPPP)

Coup de tonnerre dans le scandale de l'amiante : le parquet de Paris a requis l’arrêt de l’instruction dans 14 enquêtes pénales ouvertes en rapport avec le scandale de l'amiante, a appris mardi 27 juin franceinfo, confirmant une information du Monde. Le parquet considère qu'il est impossible de déterminer avec certitude quand les victimes ont été intoxiquées, une décision qui pourrait ouvrir la voie à des non-lieux dans une vingtaine de dossiers.

"Le diagnostic d'une pathologie liée à l'amiante fait la preuve de l'intoxication, mais ne permet pas de dater l'exposition ni la contamination", a estimé le 13 juin le parquet de Paris dans ses réquisitions dévoilées par Le Monde (article payant) et dont l'AFP a eu connaissance.

"Un scandale absolu après 20 ans d'instruction"

Une analyse qui s'aligne sur celle défendue par les juges d'instruction chargés de ces dossiers : les magistrats ont estimé, dans une ordonnance rendue le 9 juin, que "cet aléa dans la date des faits ne pourra pas permettre de conduire des investigations ciblées et efficaces de nature à réunir des charges qui pourraient être imputées à quiconque". En clair, qu'ils ne pouvaient présenter d'éléments suffisamment précis pour justifier un renvoi des protagonistes devant les tribunaux.

"C'est un scandale absolu d'arriver à une telle conclusion après 20 ans d'instruction", s'est indigné François Desriaux, l'un des porte-parole de l'Andeva (Association nationale de défense des victimes de l'amiante).

Le parquet et les magistrats instructeurs appuient leur analyse sur une expertise judiciaire diligentée en 2016 afin d'établir les liens entre la fibre cancérogène, interdite en France depuis 1997, et certaines maladies. Rendue au début de l'année, "cette expertise dit le contraire de ce que la justice veut aujourd'hui lui faire dire", a estimé Sylvie Topaloff, avocate pour l'Andeva. "Selon les experts, dès que l'on a été exposé, on a été contaminé. C'est aberrant que les magistrats aient une lecture diamétralement opposée", a-t-elle ajouté.

L'association de victimes prévoit de faire appel

Les non-lieux qui pourraient être prononcés concernent une vingtaine de dossiers actuellement instruits au pôle de santé publique de Paris comme ceux des anciens chantiers navals de la Normed à Dunkerque ou encore du campus de Jussieu.

Dans ces deux cas, la justice doit se prononcer le 15 septembre sur les mises en examen de plusieurs protagonistes. "Il y a fort à craindre, au vu des réquisitions du parquet, que ces mises en examen soient annulées et que là encore on aboutisse à un non-lieu", a relevé François Desriaux. Il a annoncé que l'Andeva ferait "immédiatement appel lorsque les ordonnances de non-lieu seront prononcées".

Selon les autorités sanitaires qui imputent à l'amiante 10 à 20% des cancers du poumon, l'exposition à cette fibre pourrait provoquer jusqu'à 100 000 décès d'ici à 2025. D'après l'Andeva, 3 000 personnes meurent chaque année. L'affaire a éclaté sur le front pénal à la suite d'une plainte pour homicides et blessures involontaires déposée par d'anciens salariés d'Eternit en 1996.

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