Amiante : "Il y a une volonté des pouvoirs publics qu'il n'y ait pas de procès pénal"
Michel Parigot, président du Comité anti-amiante de Jussieu, revient sur franceinfo mercredi sur la citation directe collective que pourrait déposer son association auprès du parquet de Paris pour trouver une issue à l'impasse judiciaire à laquelle ils sont confrontés, 22 ans après les premières plaintes.
L’Association des victimes de l’amiante et des autres polluants (AVA) et ses avocats ont annoncé mardi 8 janvier leur intention de déposer dans les prochaines semaines une citation directe collective au parquet de Paris, pour sortir ces dossiers de l’impasse judiciaire dans laquelle ils s’enlisent plus de 22 ans après les premières plaintes. "Il y a une volonté des pouvoirs publics qu'il n'y ait pas de procès pénal", a expliqué sur franceinfo Michel Parigot, président du Comité anti-amiante de Jussieu, au sein de l’Association nationale des victimes de l’amiante et autres polluants (AVA).
franceinfo : Qu'espérez-vous ?
Michel Parigot : C'est une réflexion que l'on a depuis plusieurs années. Cela fait 23 ans que l'on instruit ce dossier et depuis cinq ans les juges d'instruction ne font plus aucun acte d'enquête alors que des points essentiels n'ont même pas fait l'objet d'une instruction. Il y a une volonté évidente qu'il n'y ait pas de procès pénal de l'amiante. C'est une volonté des pouvoirs publics et de l'institution judiciaire. On a même des interventions de M. Molins qui nous disait de ne pas nous porter partie civile. Donc, il y a vraiment une volonté qu'il n'y ait pas de procès pénal de l'amiante. Le problème, c'est que c'est une des plus grandes catastrophes sanitaires en France, c'était une catastrophe évitable. Pourquoi n'y aurait-il pas de procès ?
Qui aimeriez-vous voir condamner ?
Le problème, si on analyse simplement, c'est qu'une poignée d'industriels de l'amiante, à une époque où, sur le plan international, on commençait à interdire l'amiante un peu partout, se sont organisés pour continuer à utiliser ce matériau et pour éviter son interdiction et toute mesure de protection. Ils l'ont fait à travers un organisme de lobbying qui a été très bien construit, qui s'appelle le Comité permanent amiante. Ils ont réussi à mettre dedans eux-mêmes, les industriels, mais aussi des scientifiques, les représentants de chaque ministère. Tout le dossier amiante a été géré dans cette structure de lobbying à la place des pouvoirs publics. Donc, ils ont pris les décisions qu'il fallait pour qu'on ne fasse rien du tout. On est devant des responsabilités qui sont évidentes.
On parle de dépôt de citation collective. De quoi est-il question ?
C'est une citation directe. Au lieu que ce soit le parquet, la justice qui poursuivent les personnes, nous allons les poursuivre directement, donc ce sont les victimes elles-mêmes qui vont poursuivre, amener les preuves et on aura un procès pénal.
Combien y a-t-il de décès par jour liés à l'amiante ?
C'est de l'ordre de 10 décès par jour, 3 000 décès par an. C'est en principe à la fin de cette catastrophe 150 000 décès. Donc, ce n'est pas rien. Il y a des rapports, y compris des rapports du Sénat, qui montrent de façon évidente les responsabilités, qui les dénoncent.
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