Nouvelle condamnation pour les "rebelles" de la maladie de Lyme
La justice reproche à l'ancienne professionnelle de santé d'avoir, dans son laboratoire d'analyses biologiques alors basé à Strasbourg - et aujourd'hui fermé sur décision des autorités sanitaires -, appliqué pendant des années un protocole de dépistage non homologué de cette affection potentiellement invalidante, transmise par les tiques. Selon elle, les protocoles officiels sont inadaptés et ne permettent de détecter qu'une très faible proportion des cas de Lyme.
Comme en première instance en octobre 2014, Viviane Schaller, 68 ans, a été condamnée à neuf mois de prison avec sursis pour "escroquerie" au préjudice de l'Assurance-maladie. Elle devra aussi rembourser à la Sécurité sociale les sommes indûment remboursées, soit 280.000 euros.
"C'est une décision extrêmement décevante. Ma cliente en ressent une grande amertume", a dit à l'AFP l'avocat de Mme Schaller, Me Julien Fouray. "Nous allons nous pourvoir en cassation", a-t-il ajouté.
Elle avait annoncé à des milliers de patients qu'ils étaient porteurs de la maladie de Lyme
Elle a ainsi annoncé à des milliers de patients en errance thérapeutique, dans toute la France, qu'ils étaient porteurs de la maladie, alors qu'on leur avait longtemps affirmé le contraire. Aujourd'hui encore, la pertinence de ces diagnostics reste controversée. Dans ce dossier, Mme Schaller a été poursuivie pendant des années au côté d'un autre prévenu, Bernard Christophe, un diplômé en pharmacie poursuivi pour avoir fabriqué et commercialisé hors du cadre réglementaire un remède à base d'huiles essentielles contre la maladie de Lyme, baptisé "Tic Tox".
Comme elle, M. Christophe avait été condamné à de la prison avec sursis, et comme elle, il avait fait appel et s'était longuement défendu lors de l'audience d'appel sur le fond, le 7 octobre 2016. Mais il est décédé samedi d'une crise cardiaque, à l'âge de 67 ans, quelques jours avant le prononcé de la décision. La cour d'appel de Colmar n'a donc pu que constater l'extinction de l'action publique à son encontre.
Soutenus par des milliers de patients en colère, les prévenus, qui dénonçaient le "déni" de la maladie de Lyme par les pouvoirs publics, avaient expliqué à l'audience qu'ils s'estimaient confortés par les récentes annonces du gouvernement en la matière. Evoquant le "sentiment d'abandon et l'errance thérapeutique auxquels sont confrontés" les malades, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté fin septembre un "plan national" pour améliorer la prise en charge de la maladie, notamment autour du développement de nouveaux tests de diagnostic.
Avec AFP
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