Algues vertes : la justice saisie après le décès d'un joggeur
Jean-René Auffray est-il décédé à cause des algues vertes ? Ce quinquagénaire a en tout cas été retrouvé mort dans une vase envahie par ces algues. Et, on le sait, celles-ci, en se décomposant, émettent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel à fortes doses. Aussi la famille du joggeur a-t-elle annoncé par l’intermédiaire de son avocat, le 17 juillet, qu’elle allait saisir la justice pour tenter de faire reconnaître la responsabilité des pouvoirs publics.
"Cela fait 50 ans que ça dure"
"L'idée, c'est de mettre un terme à l'inaction fautive des autorités publiques sur cette question de santé publique. Cela fait 50 ans que ça dure et, de mesurette en mesurette, on ne règle pas le problème", a déclaré à l'AFP leur avocat, Me François Lafforgue.
Le corps de Jean-René Auffray avait été retrouvé sans vie à Hillion le 8 septembre 2016, à l'embouchure d'un fleuve côtier, le Gouessant, qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc. L’homme était pourtant un habitué des lieux. Plusieurs associations s'étaient immédiatement interrogées sur un potentiel lien avec les algues vertes.
Deux semaines après les faits, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné l'exhumation du corps du joggeur pour pratiquer une autopsie et des analyses toxicologiques. Mais les résultats des analyses, trop tardives, n'avaient pas permis de déterminer les causes de la mort. L'enquête avait donc été classée sans suite.
"On a interdit à la famille une preuve d'établir un lien entre les algues vertes et le décès"
"En ne procédant pas rapidement à des mesures d'autopsie, on a interdit à la famille une preuve certaine d'établir un lien entre les algues vertes et le décès, donc de pouvoir poursuivre les responsables devant les juridictions pénales", a dénoncé Me Lafforgue. Devant la juridiction administrative, "le lien entre le décès et les algues vertes peut être retenu s'il y a un faisceau de présomptions, qui existe", a-t-il ajouté.
L’avocat compte saisir le tribunal administratif pour demander réparation auprès de la commune d'Hillion, de l'agglomération de Saint-Brieuc et de l'Etat. Il réclame près de 600.000 euros d'indemnisation des préjudices subis par ses clients.
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