Cet article date de plus de trois ans.

Procès Mediator : "Aucune sanction ne sera suffisamment forte par rapport à ces millions de victimes", estime un avocat

Le jugement doit être rendu lundi dans l'affaire de ce médicament antidiabétique tenu pour responsable de centaines de décès. Les laboratoires Servier qui l'ont commercialisé pendant 33 ans encourt une amende de plus de 10 millions d'euros.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'avocat Jean-Christophe Coubris, le 10 janvier 2017. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

"Aucune sanction à l'égard des laboratoires Servier ne sera suffisamment forte par rapport à ces millions de victimes", a déclaré lundi 29 mars sur franceinfo Jean-Christophe Coubris, avocat qui représente plus de 2 500 victimes dans l’affaire du Médiator, ce médicament antidiabétique et coupe-faim qui a fait des ravages, alors que le jugement est attendu au tribunal correctionnel de Paris.

Pour l'accusation, les laboratoires Servier ont sciemment dissimulé les propriétés anorexigènes et les dangereux effets secondaires de ce médicament, utilisé par 5 millions de personnes jusqu'à son retrait du marché en 2009. Le parquet a requis plus de 10 millions d'euros d'amendes à l'encontre de la maison-mère et de cinq sociétés du groupe pharmaceutique, et cinq ans de prison dont trois ferme et 200 000 euros d'amende contre Jean-Philippe Seta, l'ex-numéro 2 de la firme. Une amende de 200 000 euros a également été requise à l'encontre de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM, ex-Afssaps) qui a tardé l'interdire.

franceinfo : Qu'attendez-vous de la justice aujourd'hui ?

Jean-Christophe Coubris : Aujourd'hui, nos clients attendent tout simplement le statut de victimes, qu'ils soient définitivement reconnus comme tels. Et puis, bien évidemment, une décision qui condamnera les laboratoires Servier, et tout particulièrement qui les condamnera à indemniser de façon significative, de façon juste, toutes les victimes que je représente qui, aujourd'hui, malheureusement, conservent encore de graves séquelles.

Est-ce que ces 517 heures de débats auront suffi pour comprendre la chaîne de responsabilités ?

Très sincèrement, jamais je n'avais assisté à un procès aussi complet, aussi technique et surtout qui a su mettre la parole de la victime au centre du procès. Écouter les victimes, écouter les parties civiles, le tribunal s'y est employé et, en effet, nous avons pu bénéficier, à travers toutes ces heures d'audience, d'un travail remarquable de l'instruction, mais aussi d'une instruction à la barre particulièrement efficace et qui nous a permis de voir et de mettre en évidence tous les dysfonctionnements de l'Agence du médicament et des laboratoires pharmaceutiques.

Cela s'est d'ailleurs ressenti dans les réquisitions du parquet, jugées extrêmement "sévères" par la défense : plus de 10 millions d'euros d'amende contre le groupe Servier. Serez-vous satisfait si les juges suivent ces réquisitions ?

Je ne vois rien de sévère vis-à-vis du comportement hallucinant d'un laboratoire qui pendant 33 ans, il faut le rappeler, a commercialisé un produit que je n'appellerais pas un médicament, qui n'avait strictement aucun bénéfice et dont il ne pouvait ignorer la dangerosité. Aucune sanction à l'égard des laboratoires Servier ne sera suffisamment sévère, ne sera suffisamment forte par rapport à ces millions de victimes, que malheureusement le laboratoire Servier a fabriquées.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.