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Procès en appel du Mediator : "Nous reprenons espoir qu'il y ait une décision de justice exemplaire", témoigne Irène Frachon

Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest et lanceuse d'alerte dans l'affaire du Mediator, témoigne sur France Inter alors que les plaidoiries de la défense au procès en appel des laboratoires Servier dans cette affaire débutent mercredi après-midi.
Article rédigé par franceinfo
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Irène Frachon, le 14 février 2023, à Paris. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"Nous reprenons espoir qu'il y ait une décision de justice exemplaire", témoigne jeudi 1er juin sur France Inter la pneumologue Irène Frachon, qui a révélé le scandale du Mediator. Dans le cadre du procès en appel de ce médicament, les avocats généraux ont demandé mercredi à la cour d'appel de Paris une "confiscation du bénéfice" dégagé par Servier grâce au médicament, soit 182 millions d'euros, en plus d'une amende de 13,5 millions d'euros.

En première instance, une amende "goutte d'eau"

"L'avocat général a bien posé la difficulté à ce procès", explique Irène Frachon, "le délit de tromperie aggravé aboutit à des peines qui ne sont pas dimensionnées à la hauteur de ce qu'il a appelé un 'crime d'empoisonnement'". En première instance, le laboratoire Servier a été condamné à une amende de 2,7 millions d'euros, une "goutte d'eau" pour la lanceuse d'alerte.

L'accusation a donc demandé "la restitution du profit indû" pour "que ce crime ne soit pas financièrement favorable au prévenu", poursuit Irène Frachon. Ces 182 millions d'euros sont une estimation du bénéfice net dégagé par Servier sur les ventes mondiales du Mediator au cours de la période de prévention (1994-2009), et des dépenses de recherche et développement liées à ce produit, l'accusation estimant qu'il s'agissait de "sauver le médicament" plutôt que de faire véritablement de la recherche.

"Redonner un sens au mot justice"

"Ce réquisitoire cherche à redonner du sens au mot 'justice'", réagit Irène Frachon, "face à un crime ayant eu des conséquences aussi gigantesques". L'avocat général a aussi souligné selon Irène Frachon "l'insupportable négation de ce crime par l'entreprise, ce qui aggrave la douleur, le préjudice des victimes et ce qui fait de Servier 'à jamais des bourreaux'".

Le Mediator, commercialisé par le laboratoire Servier comme antidiabétique depuis 1976, mais aussi prescrit comme coupe-faim jusqu'à son retrait du marché en 2009, a entraîné de graves effets cardiovasculaires chez des milliers de patients et est tenu pour responsable de centaines de décès.

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