Cet article date de plus de douze ans.

Dans la campagne birmane

Avec Cédric Guigon. Cet étudiant est parti l'an dernier en tour du monde et notamment en Asie du Sud-Est.
Article rédigé par Ingrid Pohu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Extrait du Blog de Cédric Guigon.

"Au Myanmar, on en a des crampes aux
zygomatiques.
Mon cœur a été touché, profondément. Quand l'intérêt dépasse le
porte-monnaie, et que l'on converge vers un échange, c'est là que peut sentir
les réels effets de la chaleur humaine. Renvoyées au vestiaire l'hypocrisie ou
la méfiance, au pilori le mépris et la condescendance. Dans ce contexte,
l'échange culturel est impressionnant.

A bord du taxi qui nous
emmène vers le lac Inlé
, Jeremy et moi sommes à deux doigt de caner sous la
chaleur accablante des plateaux birmans. Dans la voiture, nos affaires sont
entassées à l'arrière, sur le siège avant, il y a une mère avec son petit
dernier et sur la banquette nous sommes serrés, mon pote, ma guitare, le fils
ainé de madame (à peu près huit ans) et moi-même. [...] Après une surchauffe moteur qui
nous a valu deux heures d'attente de plus avec "l'impensable", on
finit par déboucher sur la petite ville de Nyaungshwe, non loin du lac.

On prend nos quartiers dans une guesthouse vide d'autres "guests", et
la propriétaire qui parle aussi vite qu'elle nous soutire nos deniers nous
convie à un repas shan (l'ethnie majoritaire de la région) gratuit. Nous qui
voulions nous régaler d'une pizza bien occidentale, on n'ose pas refuser et on
passe notre soirée à manger les désormais traditionnelles racines de plants de
moutarde, accompagnés de nouilles au bœuf, tout en se faisant dévorer par des
moustiques gros comme le pouce. On prend la journée du lendemain pour un tour
en pirogue (à moteur) sur l'immense lac Inlé. On pourrait le comparer à notre
beau Léman (en plus petit), disons, deux-cents ans plus tôt, lorsque le béton
n'avait pas recouvert ses rives et que les roseaux peuplaient les marécages
alentours. On slalome entre les petits chenaux formés par les cultures
hydrophiles des lieux, tomates, pastèques, melons et une variété surprenante de
légumes poussent sur des millions de tuteurs plantés dans le lac. Des Birmans,
avec leur élégant chapeau conique, travaillent depuis leur pirogues debout en
équilibre sur la proue.

Non loin, les pêcheurs se livrent à un numéro
d'acrobate
: ils pagaient à l'aide de leur bras et d'une jambe enroulée autour
de l'unique rame, déployant leur filet de l'autre main tout en se tenant sur la
poupe (cette fois), tels des flamants roses dormant sur une seule patte. Ce
spectacle ahurissant nous vaudra quelques photos bien senties. Un inintéressant
marché aux odeurs de poiscaille sera la première halte, avant de nous arrêter
devant une fabrique d'objets en argent. L'intérêt de l'ensemble de ces
ateliers, c'est la manière toujours traditionnelle dont l'ensemble des artisans
travaillent, pas d'électricité, on chauffe au bois, taille au ciseau, tisse au
rouet. Les cigares sont un assemblage de tabac, d'alcool, de banane et de
feuille de cocotier et leur odeur douce se répand dans les maisons toutes sur
pilotis".

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