Vous en parlerez aujourd'hui. Mobilier national, la grande brocante de la République ?
Selon Le Parisien, l'Elysée a déposé une plainte pour le vol de sept œuvres d'art. Aucune institution n'échappe à ce phénomène que l'administration a du mal à endiguer.
Sept œuvres d’art, des statuettes en bois mais aussi en terre cuite, un buste en bronze, ont été dérobés à l’Elysée, comme le révèle Le Parisien. Une plainte a été déposée et, désormais, c’est à la brigade de répression du banditisme de s’occuper de l’affaire du "vol à l’Elysée". On se croirait dans un épisode des "Brigades du Tigre" dans lequel des larcins au plus haut sommet de l’Etat commencent à inquiéter les autorités.
Heureusement, des sergents de ville sont équipés de vélocipèdes, ce qui leur permet de traquer les monte-en-l’air. Il est très rare que la présidence de la République porte plainte dans ce genre d’affaire. Généralement, on préfère rester discret. Et dans le cas présent, on remarque plusieurs problèmes.
Vol ou mauvais rangement ?
Premièrement, on ne sait pas quand ces œuvres ont disparu puisque c’est un inventaire réalisé entre 2012 et 2013 qui a permis de se rendre compte de l’absence de ces objets. Deuxièmement, étant donné que ces objets ont été introduits à l’Elysée entre 1879 et 1984, cela laisse un peu de marge quand à la chronologie de la disparition.
Enfin, troisièmement, on peut se demander si ces œuvres ont réellement disparu ou si elles sont tout simplement mal rangées. Apparemment, l’Elysée est également victime du fameux syndrome, "quand tu ranges mon foutoir, je ne retrouve plus rien" puisque pendant vingt ans le Mobilier national a cherché un lustre ne figurant plus à l’inventaire du Palais présidentiel. "Au vol", a-t-on entendu alors qu'il était en réalité mal rangé.
Le sous-préfet de Normandie avait dérobé un tableau
C’est la Commission de récolement des dépôts d'œuvres d'art qui s’occupe de ce domaine. Un organisme créé seulement en 1997, après un rapport effrayant de la Cour des comptes signalant un pillage en règle du patrimoine national. Musées, mairies, ambassades, mais aussi Matignon, l'Assemblée nationale ou le Sénat, aucun établissement ne serait épargné. La faute à une mauvaise organisation des services.
C'est une tradition du pouvoir français depuis le Moyen Âge puis instituée à la chute du Second Empire : prêter des meubles et des tableaux pour décorer les administrations. Mais c'est un prêt, pas un cadeau. Pourtant, la plupart des objets sont pris comme des souvenirs par des personnes quittant les cabinets ou les administrations. "Cette tapisserie d’Aubusson ferait bien dans la chambre des enfants". Parfois, elles sont égarées ou, parfois, carrément volées comme ce fut le cas pour un tableau dérobé par le sous-préfet de Normandie et condamné en 2018.
Après, il y a des choses étonnantes comme cette bergère, un gros fauteuil, volé à l’Assemblée nationale alors qu’il s’agit d’un endroit ultra sécurisé. En fait, la République est une brocante, profitez, on y fait des affaires.
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