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Vous en parlerez aujourd'hui. Bloqué par Twitter, le gouvernement victime de sa loi anti-fake news

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourdhui, la stratégie de Twitter qui bloque une campagne du gouvernement qui incite à aller voter aux Européennes.

Article rédigé par Jean-Mathieu Pernin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Vidéo postée sur la chaîne YouTube du gouvernement français. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Ça peut surprendre, dit comme ça, mais le gouvernement a été pris au piège de sa loi anti-fake news par le réseau social Twitter. Une décision qui énerve en plus haut lieu et qui aurait fait dire au président de la République : "Alors là, dites-moi que c’est de la pipe". 

Tout commence avec un clip officiel baptisé "Oui, je vote". De la musique anxiogène, des slogans en forme de choix très difficiles. "Immigration, maîtriser ou suibir ?", "Emploi, partenaires ou concurrents ?" Et des images du ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini et du Premier ministre Hongrois Viktor Orban, "Europe, union ou division ?" Le tout incite à aller voter aux prochaines elections européennes.

Le problème, c'est que depuis le 22 décembre et la promulgation de la loi anti-fake news, les principales plateformes numériques comme Google, Facebook ou encore Twitterdoivent communiquer le montant payé pour des messages électoraux afin de distinguer propagande et message apolitique.

"Une démarche d'information civique" 

Au sommet de l’État, on explique que cette campagne n’est pas un clip pour La République en marche mais qu'il est fabriqué dans "une démarche d’information civique". Seul souci, depuis son lancement, ce clip est critiqué par l’extrême droite et une partie de la gauche qui évoque une propagande pro-gouvernementale. Fin octobre, au moment de la sortie de ce clip, Matteo Salvini, lui-même s'est fendu d’un message et s'est dit ravi de servir de repoussoir. D’un coup, la loi anti-fake news est devenue la loi "Je me prends un boomerang en pleine face".

S’agit t-il d’un simple respect de la loi ? Dans ce cas, on se dit que le gouvernement se trouva fort dépourvu, une fois que Twitter fut venu. Ou s'agit-t-il un abus du réseau social ? Pour le ministère de l’Intérieur, ça ne fait pas de doute, c’est bien sûr la deuxième option. Il s’agirait, selon lui, d’un excès de zèle de Twitter juste avant le G7 des ministres de l’Intérieur européens, le 4 avril, portant notamment sur les Gafa. Sur Twitter, Christophe Castaner, le ministre de l'Intérieur, a indiqué que le réseau social ferait mieux "de combattre les contenus faisant l'apologie du terrorisme."

La firme américaine, de son côté, dit ne pas avoir les moyens, comme ces homologues de Facebook ou Google, de faire respecter la loi. Il faut sans doute y comprendre : on ne sait pas sur quel bouton appuyer, alors quand ça parle politique, on ne se pose pas de question, on supprime.

Il faut retenir deux enseignements à cette histoire. La loi fonctionne, même hors campagne électorale, et Twitter montre une nouvelle fois qu’il met beaucoup de temps à supprimer des contenus. Cinq mois pour bloquer un clip, c’est pépère. En cas de problème sérieux, il serait vraiment temps de trouver le gros bouton.  

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