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Vous en parlerez aujourd'hui. Augustin Trébuchon est-il vraiment le dernier poilu tué lors de la Première Guerre mondiale?

Tous les jours, Jean-Mathieu Pernin repère une info à partager, à la machine à café ou sur les réseaux sociaux. Aujourd'hui, le dernier soldat français tué lors de la Première Guerre mondale... ne serait pas le dernier.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Mathieu Pernin
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Augustin Trébuchon, le dernier soldat français tué lors de la Première Guerre mondiale, le 11 novembre 1918 à 10h50. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

On connaît Augustin Trébuchon pour une chose : être le dernier Poilu tué lors de la Première Guerre mondiale. Il est mort à côté de Charleville-Mézières, le 11 novembre 1918 à 10h50, soit dix minutes avant l’armistice. La poisse. Pendant quatre ans, Augustin Trébuchon, berger de Lozère, s'est battu dans l‘enfer des bombes, des tranchées, de la boue et de la ferraille. Il participe aux batailles de la Somme, du Chemin des Dames, de Verdun… Et le 11 novembre 1918, il faut trouver quelqu’un pour faire parvenir un message au troupes françaises de l’autre côté des combats. "Les gars, il reste dix minutes avant l’armistice, qui est volontaire pour risquer sa peau pour envoyer un message aux copains ? Trébuchon, vous aimez les lasagnes ? Oui ? Alors vous allez me portez ce message !" La stratégie militaire, c’est quelque chose !

Augustin Trébuchon est donc resté comme le dernier soldat français tué lors de la Grande Guerre, et a été honoré comme tel le 27 octobre 2018 par Edouard Philippe lors du lancements des commémorations du centenaire de 1914-1918.

Un autre poilu mort le 11 novembre 2018 à... 10h58

Mais quand on n'a pas de chance, on n'a pas de chance, car un autre soldat serait mort à 10h58 le 11 novembre, soit huit minutes après Augustin Trébuchon. Le nom de ce poilu : Augustin Renault. C’est une association baptisée "Bretagne 14-18" qui a découvert l’histoire de soldat originaire des Côtes-d’Armor. En lisant et relisant les fichiers des disparus, ils découvrent qu’un Breton est décédé sur le front belge le 11 novembre 1918, avec même un horaire : 10h58. On imagine le désarroi de la famille Trébuchon qui croit à une malédiction. L’ancêtre meurt à 10h50 et maintenant, il y en a un qui meurt après lui. C’est un peu le Gilette Mach 3 de l’histoire de France : double lame, double punition. D’ailleurs, les jeux sont interdits dans la famille Trébuchon : quand quelqu’un gagne au Monopoly, on demande une analyse ADN.

Le but de l’association Bretagne 14-18 n’est pas de revendiquer le titre de dernier soldat tué, mais plutôt d'éclairer sur le destin des 1 398 000 soldats français tués pendant le conflit. D’ailleurs, pourquoi nul ne se souvient de la mort de ce soldat breton ? Parce qu’il aurait été tué par des obus français. C’était la fin du conflit, on n'allait pas ramener ces obus chez nous; donc hop ! on déstocke... À l’époque, il fallait vanter l’héroïsme et cette fin tragique n’est pas des plus glorieuse pour l’armée française.

Dans son itinérance, Emmanuel Macron pensera-t-il à ces deux hommes qui rivalisent dans les mémoires pour le souvenir du dernier tué ? Peut être, mais la question qui intéresse le président de la République serait plutôt que pensent les taxis de la Marne de la hausse du carburant ?

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