Sur les routes de l'Europe. Au Luxembourg, le "trou noir fiscal"
Etape 7, Luxembourg. Le Grand-Duché travaille sa réputation. L'évasion fiscale n'existerait plus mais les conseils pour l'optimisation perdurent. On ne change pas une tradition.
Quelle étrange sensation de se sentir chez soi. En quittant les Pays-Bas, j’entends parler français. C'est la première fois depuis cinq mille kilomètres. La radio belge évoque des problèmes sur les trains entre Mons et Liège, un petit bonheur m’assaille. Puis vient une longue ligne droite jusqu’au Luxembourg. La routine du nomade : bitume, aire d’autoroute, caféine. L’arrivée sur les terres du Grand-Duché nous propulse dans une nouvelle dimension. Peu d’habitants, une ambiance paisible, quelques joggeurs sortant des bois, le Luxembourg est un long dimanche. Quand on passe la frontière, vous y pensez forcément. Le terme "paradis fiscal" vous frappe mais nous ne l’emploierons pas car le Grand-Duché ne figure pas sur la liste des paradis fiscaux établie par l’union européenne.
Le Luxembourg serait-il victime d’un cliché ? En tout cas, le pays a des atouts qui lui permettent d’accueillir les sièges de grandes sociétés comme Amazon. Mais que viennent-elles faire au Luxembourg ? Etrange. Récemment, un commissaire européen a déclaré que le Luxembourg faisait partie des "trous noirs fiscaux" européens, une expression à la va comme je te pousse, pour cet avocat fiscaliste rencontré sur les hauteurs de Luxembourg, Jean-Philippe Lahorgue : "Je ne la comprends pas. Je pense que le Luxembourg est un État européen qui certes fait de la concurrence à la France, parce que c'est un État où il est plus facile de faire une activité et qui est un pays agréable par ailleurs. Je pense que l'aspect fiscal n'est pas du tout un aspect prioritaire."
Orfèvre en optimisation fiscale
Je découvre donc que les grandes entreprises aiment avant tout la quiétude luxembourgeoise. Oui ce n’est pas un paradis fiscal, c’est un trou noir. Et pourtant avec sa fiscalité avantageuse, le Luxembourg est classé aux côtés de Chypre et des Pays-Bas comme un des grands responsables de l’évasion fiscale en Europe. Dans l’UE cela représenterait 1 000 milliards d'euros perdus chaque année. En France, ce serait entre 100 et 200 milliards qui échappent au fisc. Des chiffres qui blessent au moment où l’on parle beaucoup de justice fiscale chez nous, pas forcément au Luxembourg.
Depuis l’affaire Luxleaks en 2014, on a découvert qu’il existait une évasion fiscale légale, l’optimisation fiscale. On la pratique partout mais au Luxembourg c’est de l’orfèvrerie. Par exemple, si je veux optimiser l’argent de mes chroniques, c’est assez simple voici la méthode : "Par exemple l'IFI, l'impôt sur la fortune immobilière, si vous ne voulez pas le payer sur votre fortune immobilière, c'est très simple. En devenant résident luxembourgeois, la convention luxembourgeoise ne vous rend plus redevable de l'IFI. Il suffit de déplacer sa résidence au Luxembourg, sans aucun apport, pour pouvoir ne plus payer cet impôt. Tout cela dans le cadre réglementaire européen."
Le moteur chauffe déjà, direction Bruxelles. Du Luxembourg nous gardons un compte bancaire comme souvenir. C'est original comme goodie.
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