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Une journée mondiale de la femme africaine : quelques progrès, beaucoup de défis

Tous les jours cet été, franceinfo et la Rédaction internationale de Radio France vous font découvrir une journée mondiale. Une cause, un animal, une pratique à travers le monde... Vendredi, c'est la journée de la femme africaine. Sur le continent, les inégalités s'effacent peu à peu mais restent ancrées dans la société.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
À Pretoria, des manifestants dénoncent les violences domestiques contre les femmes en Afrique du Sud, le 27 septembre 2019. Photo d'illustration.  (PHILL MAGAKOE / AFP)

Le 31 juillet 1962, alors que l’Afrique se libère à peine de l’emprise de la colonisation, des femmes venues de tout le continent se réunissent à Dar es Salam, en Tanzanie. Malgré la barrière de la langue et leurs différences ethniques et politiques, elle créent ce qui deviendra l’Organisation panafricaine des femmes, pour contribuer à leur émancipation. C’est de ce rassemblement qu’est née la journée internationale de la femme africaine.

Au Rwanda, 61% des députés sont des femmes

En 2020, les Africaines sont logiquement mieux représentées en politique, notamment dans les parlements nationaux. La Namibie, l’Afrique du Sud et le Sénégal (où la loi sur la parité des listes électorales a été adoptée en 2010), sont même dans les premières places du classement mondial : les femmes y représentent plus de 43% des députés. En France, 39% des députés sont des femmes.

Le champion toutes catégories depuis 20 ans est le Rwanda : 61% de femmes à l’assemblée. Bien au-delà du seuil de 30% inscrit dans la Constitution en 2003. Une volonté politique, mais aussi le reflet d’une réalité sociale. Après le génocide des Tutsi en 1994, les deux tiers de la population était de sexe féminin.


Mais les contrastes sont grands sur le continent. En bas de l’échelle, on peut citer le Nigéria, le Soudan, l’Érythrée, le Bénin ou encore la Gambie où moins d’un député sur dix est une femme.


Lorsque l’on parle portefeuille ministériel, il est toujours difficile de trouver des femmes sur la photo officielle. Au Maroc, le gouvernement nommé en octobre dernier compte par exemple vingt hommes pour quatre femmes.

Lois progressistes, mentalité patriarcale

Les lois ne font pas tout face à des inégalités de genre parfois enracinées dans les mentalités. En Côte d’Ivoire par exemple, la constitution consacre l'égalité entre homme et femme, mais la société reste profondément patriarcale selon Rachel Gogoua, porte-parole du Groupe des organisations féminines ivoiriennes. "Aucun pays au monde ne peut se développer tant qu'il existera des inégalités entre les hommes et les femmes. Notre continent ne fait pas exception."

Les lacunes sont particulièrement frappantes dans les domaines de la santé, du mariage des mineurs et des violences domestiques. D’après un rapport de l’ONU en 2017, 125 millions de femmes africaines ont été mariées avant l'âge de 18 ans. Une sur trois est concernée par les violences de genre.

La polygamie : critiquée... mais toujours pratiquée

En Afrique du Sud, le taux de violences contre les femmes est selon Amnesty International cinq fois plus élevé que la moyenne mondiale. Le président Ramaphosa, qui parle de "guerre", en a fait une cause nationale.

Au Sénégal, malgré les critiques des plus hautes autorités religieuses sunnites qui considèrent la polygamie comme une "injustice" pour les femmes, la pratique reste légale, et courante. Elle concerne un foyer sur trois et s’étend aux milieux intellectuels.

Des inégalités accrues avec le confinement ?

Les inégalités resurgissent parfois là où on ne les attend plus. En mai dernier, en Tunisie, le gouvernement publie un décret sur le déconfinement. Au nom de la précaution sanitaire, il impose à certains habitants de ne pas aller travailler et de rester chez eux : les porteurs de maladies chroniques, les femmes enceintes, les retraités de plus de 65 ans, mais aussi les "mères d’enfants de moins de 15 ans". 

Face au scandale, alors que l’égalité est inscrite dans la Constitution tunisienne depuis 2014 et que les femmes représentent un tiers de la population active, les autorités plaident l’erreur. Le texte sera rapidement corrigé.

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